Un jour en technicolors !

Le bleu du jour s’immisce à travers les persiennes,

Entre les lattes fines des stores, rouges.

Et le matin m’atteint.

L’or se déploie aux rayons du soleil,

Glacés, acérés, piquants et doux.

Le jour avance, je marche avec lui.

Puis le rouge des flammes

Qui met du rose aux joues.

Le feu danse sur les braises denses.

Un thé vert comme une sève,

Pour irriguer,

Le roseau et le chêne,

L’hêtre, l’être.

L’orange dans ma main s’ouvre en quartiers,

Pas de quartier pour les pépins,

Le nectar sucré aux commissures des lèvres,

C’est le jus qui coule,

Vitamines,

Et les heures s’écoulent,

Vie qui mine.

Aujourd’hui j’en choisis les couleurs,

Je bannis le noir et le gris

Aujourd’hui c’est moi qui décide

Lumière !

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C’est la grande marée…

En colère, elle était la mer…! Toute embruns et vagues dehors, elle a fait savoir son mécontentement… Impressionnante de force et de liberté, il ne faisait pas bon s’en approcher…

Photos un peu floues car prises avec un simple apn bousculé par le vent, et de loin de crainte de subir les assauts de la furieuse ! Pas folle la mouette !

Digue nord, Le Havre.

Billet d’ailleurs : Voyages en ‘K’ et en acrostiches…

Kalahari 2

K, la belle lettre, comme une route et deux pistes

A mon cœur accrochées, un éternel éphémère.

Lettre d’Afrik, aux lisières de mon âme, écrite.

A l’encre sympathique, aux couleurs du mystère.

Hémisphère renversée, et ma tête à l’envers.

Air de sable et de soleil, et le désert qui crisse.

Rêve d’étoiles en loupiotes, de mille astres lumières.

Improbable songe d’ocre et d’or conjugué au possible.

Kalahari 1

 

Orchestre cuivre et verdite, étude de faune éthique.

K, la belle lettre, un fleuve et deux bras de rivières,

Accouchant d’une terre, écrin de mille pépites,

Vivre entre deux rives des rêves phacochères,

Aventure nature, sentir au fond des tripes,

Naître et gonfler d’étranges bouffées d’air,

Gorgées d’émotions pures, de bulles féériques.

Onde de mes rêves, fleuve orphelin de sa mer.

Okavango

 

Okavango, Kalahari,

deux rêves K de mon enfance, par chance réalisés…

(photos argentiques, numérisées)

Je ne suis pas si grande que ça …

J’ai froid.

Je suis soumise au vent, au vent du temps qui passe, et à l’humidité du fleuve qui s’écoule en un ruban sombre, à un jet de pierre d’ici. Les pieds toujours mouillés, je grelotte, je m’enrhume. Et si parfois je rouille, très souvent je dérouille sous l’assaut des bourrasques. J’ai cru parfois mourir, victime de la grippe des tempêtes ou de la grippe aviaire.

Jamais il n’est venu à l’idée des hommes de me couvrir un peu. Quelques couches de peinture glycérophtalique, comme de la poudre aux yeux, c’est tout ce dont je suis parée. Seul l’hiver, parfois, me couvre d’un manteau de neige. Si l’intention est bonne, le résultat n’est pas à ma hauteur, je suis glacée. Mais il paraît que je suis belle, toute d’éphémère blancheur vêtue.

 

J’ai peur.

C’est mon lot toutes les nuits, dès qu’on me laisse seule et que l’on éteint mes lumières. Seule la Lune m’éclaire. Elle pourrait me regarder avec condescendance, mais elle ne le fait pas. Elle est ma confidente, elle écoute mes peines avec bienveillance. Elle me rassure, elle me protège. Elle connaît mon chagrin d’avoir perdu mon père, Gustave c’était son nom, de moi il était fier. Il voulait que je sois la plus grande, que je sois la plus belle, il m’attendait avec impatience pendant ma réalisation.

Dans la journée, je joue avec les tout petits oiseaux, ils viennent me chatouiller et moi je les abrite, je suis leur deuxième nid, leur résidence secondaire. Mais souvent à l’aurore, ou bien au crépuscule, il y a des volatiles, pas du tout minuscules, qui viennent me harceler. Corbeaux croassant en résonances métalliques, ou mouettes rieuses riant de mes fils électriques, ils se moquent de moi, eux ne me trouvent pas belle. De leurs becs pointus ou crochus, ils viennent me torturer, s’amusant de l’effroi qu’ils réverbèrent en moi.

 

J’ai honte.

J’ai honte d’être exposée ainsi à tous les regards, dans ma nudité de métal. Je suis examinée sous toutes les coutures, on me touche, me caresse, tant de mains inconnues, tant de langues qui parlent de moi et que je ne comprends pas. Plantée comme une idiote sur cette grande esplanade appelée ‘Champ de Mars’, réveil au son du cor des écoles militaires. C’est un affront pour moi, je ne suis pas guerrière.

Quand on m’a dit ‘Paris’, j’ai presque sauté de joie. Je m’imaginais bien sur les hauteurs de Montmartre, entre Moulin Rouge et Sacré Cœur. J’aurais posé pour les artistes, les peintres m’auraient mise en couleurs, j’aurais été un modèle de sagesse. Mais les deux bâtiments ne voulurent pas de moi, prétextant que je leur ferais de l’ombre…

Alors je me pris à rêver de Notre Dame et son joli parvis mais il n’en fut pas question, la Dame Nôtre à elle seule, signa une pétition.

C’est ainsi que l’on décida de me mettre en scène sur les bords de la Seine, comme une vulgaire catin, une fille à soldats.

 

J’ai froid, j’ai peur, j’ai honte…

Tous ces humains me qualifient de Grande Dame, ou de Belle Dame. Ils oublient que, à l’échelle des autres monuments, Muraille de Chine, ou Pyramide de Gizeh, je suis encore toute jeune, je ne suis qu’une petite fille …

 

TEXTE TOUR EIFFEL

 

 

 

(Ré-écriture d’un texte publié dans le cadre des journées du patrimoine 2013, à propos de Dame Tour Eiffel)

Deux boîtes et deux couvercles

Deux boîtes et deux couvercles,

Comme des coffres à trésor,

Où l’amour scintille,

Précieux joyau du cœur,

Qui remonte jusqu’aux cils,

Et s’exprime en sourires.

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Deux boîtes et deux couvercles,

Comme des coffres forts,

Forts de la richesse,

De mille émotions,

Parfois dissimulées,

Au creux de doubles-fonds.

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Deux boîtes et deux couvercles,

Comme des boîtes de Pandore,

Abritant la misère,

Et les noirceurs du monde,

Où en guise de flamme,

Luit l’éclat d’une lame.

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Deux boîtes et deux couvercles,

Qu’on ouvre tant de fois,

Que l’humidité utile,

Finit par s’assécher,

Jusqu’au petit matin,

Où l’on ne les ouvre pas…

(Note : Le mot ‘paupières’ se traduit par ‘eyelids’ en anglais, ‘couvercles pour les yeux’, au mot à mot. Ce sont ces ‘couvercles’ qui m’ont invitée à associer les yeux à des boites, petites boites bien remplies et ouvertes sur le monde… )

Cheval Majeur, par Raymond Duchamp-Villon.

CHEVAL MAJEUR 1

 

Le métal se courbe, comme se courbe l’échine du cheval sous la main de l’homme, pourvu qu’elle soit ferme et douce…

 

CHEVAL MAJEUR 2

 

Lignes de fuite au grand galop, course folle en arêtes brillantes, l’acier imperturbable en Cheval Majeur…

 

Raymond Duchamp-Villon, « Cheval Majeur » (détails).

(Pour voir la sculpture dans son intégralité, cliquer ici, ou bien rendez-vous au Musée des Beaux Arts de Nancy… )