Une grue pour soulever les lourdes charges
Un nuage pour soulever la grue…
Une grue pour soulever les lourdes charges
Un nuage pour soulever la grue…
C’est ‘carré’ un port, enfin … je veux dire… c’est ‘tiré au cordeau’.
C’est des droites, horizontales, verticales, obliques, mais droites, oui.
Tandis que le ciel et la mer, eux, aiment les rondeurs,
rondeurs des nuages et des vagues,
volutes de cumulonimbus et d’écume,
crêtes arabesques et stratus effilochés…
Le ciel et la mer, complices depuis la nuit des temps,
se répondent en fantaisie irrégulières
que le port, lui, essaie de dompter…
Abbaye de Jumièges
Arpenter les étages supérieurs, côtoyer les toits et tremper ses doigts dans le bleu des cieux, se mettre de la couleur jusque sous les ongles.
Caresser les nuages, doucement, tendrement, barbouiller de la mousse blanche sur le bout de son nez, apprivoiser les cumulonimbus, leur raconter des histoires, et finir par les tutoyer…
Il fait bon se promener à l’Abbaye quand le ciel s’offre ainsi…
Le soleil, fatigué, avait toutefois encore son mot à dire avant d’aller se vautrer au sein de sa mer-e.
Il voulait raconter les nuages, le pourquoi le comment, pourquoi noirs pourquoi blancs, et pourquoi la mer d’huile et les reflets d’argent…
C’était le ciel qu’il apostrophait, il avait pris la forme qu’il fallait, mais les digues, elles aussi, étaient toute ouïe…
Parfois le ciel s’ouvre pour laisser passer le soleil,
Parfois le ciel appuie sur le frein de ma voiture et m’extirpe de mon siège
Parce que le moment est le bon, parce que la lumière est belle,
Parce que c’est tout de suite, ici et maintenant.
Demain sera un autre ciel…
Il y avait, ce jour-là, comme des lapins dans les nuages. Ou bien, sur ma rétine, des images… C’est peut-être que j’aime à croire qu’il y a des ‘bestioles au plafond’…
… Nuits électriques, c’était le thème.
J’ai retrouvé la lumière naturelle,
Elle était belle…
Ils s’habillent de nuages peut-être pour se cacher mais les voiles sombres qui les couvrent finalement les dévoilent.
C’est beau, un ciel fâché, ils sont beaux, les cieux si sombres…
On dirait un projectile qu’aurait loupé sa cible, et se serait planté, là, à la vue de tous, dans le sable humide de la pointe du Hourdel.
Souvenir d’un cauchemar, trace encore fraiche de l’Histoire des hommes – fraiche au regard de l’Histoire de la Terre. Exhortation à ne pas oublier. Pas une menace, non, mais un avertissement. Ce qui fut pourra être à nouveau, puisque le cœur des hommes n’a pas pris la leçon, puisque les appétits n’ont pas diminué, puisque le pouvoir reste un met de choix, un met prisé, méprisable mais pourtant convoité.
Le ciel s’est troublé subitement ce jour-là sur les cotes de la Manche, et ce bloc de béton souillé d’un sang de fer rappelle qu’un jour le ciel, le temps, les heures, l’avenir… tout s’est troublé très vite et tout a noirci brutalement.
***
En face, sur un banc de sable, une colonie de phoques, ventres à l’air, moustaches au vent, jouissaient de la lumière de cette fin d’après midi, insensibles à la folie des hommes, insensibles et visiblement non concernés…
31 juillet 2018
Jumièges, histoire de sillonner les méandres de la Seine, d’en adopter les boucles, de prendre un grand bol d’air, et de contenter le regard.
J’avais engrangé en mémoire des pierres plus sombres, plus moussues, envahies par le lierre, dévorées par le vert, servies à la table de la végétation qui semblait se régaler des restes de cette abbaye. Si ma mémoire était relativement fiable, le temps et la belle volonté avaient œuvré pour redonner d’autres couleurs à la Belle.
Splendeur d’architecture que les révolutionnaires ne goutèrent guère, elle fit alors carrière en tant que carrière. Les pierres en furent démontées une à une, pour servir d’autres causes que les lois divines. Et les années, les siècles, aggravèrent les outrages, les édifices tombèrent en ruines…
Mais quelles ruines !!
C’est finalement en devenant athée que l’abbaye gagna le ciel. Il est partout, partout visible, où que se posent les yeux. Et il dessine avec grâce toutes les lignes des édifices, toutes leurs ouvertures. Dans la chaleur quasi caniculaire de ce jour de l’extrême juillet, il nous fit l’aumône de quelques coups de brise, et le don magnifique d’une flopée de nuages de formes et de couleurs diverses. Parfois la noirceur d’un cumulo-nimbus semblait menacer de tempête ou d’orage. Simple menace, le jour fut aussi sec que les jardins à la française devant la maison des abbés…
Il n’empêche…
Je me suis perdue en rêveries et en émerveillement au milieu de ces ruines… Oh, la belle journée…
C’est comme ça, tu vois, c’est un dimanche d’avril, un dimanche qui dégage enfin une odeur de printemps. Le sol attrape un petit peu de la chaleur du soleil, et le ciel arbore son plus beau bleu, avec juste, ça et là, un nuage de lait, en pointillés…
Et nous, on pointe le nez dehors, parce qu’on veut notre dose, tu vois ? On en veut un peu de ce printemps-là, aussi fugace soit-il. Ce qui est pris n’est plus à prendre, et partager ce plaisir-là ne le divisera pas.
C’est là, tu vois, c’est tout de suite et c’est maintenant. Faut apprécier, profiter, jouir de la beauté du moment, parce que déjà, sur la mer, les nuages s’accumulent en une masse gigantesque.
L’horizon a tenté de faire barrage un peu, histoire qu’on ait un peu de bon temps. Mais il est bien fragile, l’horizon, au regard des monstrueuses forces nuageuses. Ça obéit pas, un nuage, ça n’en fait qu’à sa tête. Et si ça veut percer, ça perce, et ça déverse, averse.
On prend les couleurs du jour en plein, l’émeraude des pelouses, les cabanes bayadères, et puis le bleu vert argenté de l’eau, et le gris clair de l’asphalte, et le foncé du ciel, et l’or clair du sable, et puis…
Et puis c’est beau…
Le ciel menace plus fort, il pose un ultimatum, tu rentres maintenant les pieds au sec, ou bien t’assumes les ruisseaux dans les chaussures…
Je rentre, j’ai écarquillé mes yeux assez pour y faire entrer ce morceau de printemps. Je reviendrai demain, et puis les jours d’après, et je construirai une saison. Entière. Belle. Et douce…
… à enregistrer dans le Cloud, pour les sauvegarder…