APicADay – Une Goutte

Infiniment petite et pourtant grande de mystère.

Une goutte,

Qu’y-a-t-il dans une goutte ?

Et dans une goutte posée sur une feuille ?

Quelle composition chimique ?

Quelle puissance de lumière ?

Quelle invitation au rêve ?

Quel autre univers ?

Il y a, dans celle du centre, comme une forêt de glace

et au milieu deux passages vers un monde intérieur,

pur, froid peut-être, clair et transparent.

Les gouttes de pluie, comme des espaces parallèles,

 sont des invitations aux rêves et aux voyages.

Alors, vu les averses du moment, je devrais surement faire renouveler mon passeport…

 

APicADay – Passer sous le Gros-Horloge

Après le brouhaha de la journée, la vie s’éteint un peu tandis que les lumières s’allument.

L’arche du Gros-Horloge offre un cadre aux ruelles dont les pavés sont dorés de néons et de pluie.

La cathédrale au loin éclaire ses tourelles. Ici, ça sent l’averse qui s’éloigne un peu, la pierre mouillée, et la tiédeur du jour passé.

Rouen se déambule bien la nuit…

APicADay – Damoineau

Aujourd’hui c’était le Grand Comptage des Oiseaux de Jardin. Pour la deuxième année consécutive, j’ai apporté ma modeste contribution. D’autant plus modeste cette année que la pluie était de la partie, et les oiseaux l’ont boudée. Maigres stats, mais toujours un grand plaisir dans l’observation.

Mes photos d’oiseau montrent toujours des reflets, parce que je les prends derrière une vitre. Sinon il n’y aurait plus de reflets, mais plus d’oiseaux non plus…

Au fil de l’eau, de l’onde amère

Dis-moi 10 mots. Cette année, c’était au fil de l’eau que nous invitait le Ministère de la Culture. Un défi d’écriture et 10 mots à caser. Tout ça, c’était il y a longtemps, c’était au temps ‘d’avant’, d’avant que le temps et le reste ne nous échappent et que l’on ait à tout réinventer… 

Cette année, j’ai participé. J’ai envoyé deux textes, un léger (publication précédente), l’autre  beaucoup moins (publié ici). Et j’ai appris hier que ce texte-ci avait été sélectionné et avait obtenu le premier prix de la catégorie adulte  à la bibliothèque de ma ville. 

Les 10 mots à utiliser : aquarelle (nom) à vau-l’eau (adv.) engloutir (v.) fluide (adj.) mangrove (nom) oasis (nom) ondée (nom) plouf (interj.) ruisseler (v.) spitant (adj.)

Et mon 2è texte, celui qui dit mieux je crois  : 

 

Ils cherchaient un endroit pour les accueillir, un morceau de terre comme une oasis, un lieu pour poser le fardeau de leur vie et en faire une chance. Ils ont pris la mer dans des bateaux amochés, trop chargés, ou trop petits, c’est selon… Ils en ont essuyé, des ondées, des orages, des vagues, des déferlements ramenant à la petitesse de l’humain face aux éléments. Leur malheur devenu fluide, liquide, ruisselait de partout. Quand le ciel était noir de nuages, quand la nuit enveloppait les nues, la mer, et les humains, dans un même drap obscur, les seules étoiles visibles étaient celles qui brillaient dans les yeux des enfants, des femmes, et des hommes qui y croyaient encore. Des étoiles en forme de lueurs d’espoir.

Jusqu’à la vague de trop, l’averse de trop, et le moment fatal où tout part à vau-l’eau et où les êtres glissent vers les profondeurs marines qui les engloutissent froidement. Et quand les ‘plouf’, les ‘splash’, les pleurs et les cris finissent par se taire, c’est que le grand drap obscur est devenu linceul.

 

 

À celles et ceux qui ont tenté leur chance mais à qui la chance n’a pas tendu la main…

Quelques vers… de terre

La première fois que j’en ai vu un, j’ai cru qu’il prenait juste un bain. Alors je l’ai observé évoluer, ver de terre rose dans l’écuelle grise des chats. Cependant, une petite voix dans ma tête se posait la question. Est-il venu là de son plein gré ou bien a-t-il fait une chute, un mauvais plongeon, une fausse route, emprunté une illusion de direction…? La sémantique avait la réponse à cette question. J’étais en présence d’un ver de terre, et non d’un ver d’eau. Et un ver de terre pouvait, peut-être, se noyer dans un verre d’eau.

Étant informée de l’utilité de la bestiole, de sa raréfaction aussi, ayant naturellement de l’empathie voire de la compassion pour les animaux, je passais outre ma répugnance pour les vers et décidais de laisser celui-ci retourner à la terre. Pour se faire, je renversai l’écuelle des chats au-dessus d’un parterre de fleurs. Du coup je fis d’une pierre deux coups, je rendais au ver sa liberté d’action, et j’arrosais les fleurs.

Depuis, j’ai procédé à d’autres sauvetages identiques.

Ce matin, la situation était quelque peu différente. Sieur ver n’était pas en perdition dans l’écuelle des chats, d’une contenance d’un demi-litre environ, mais dans un seau plein d’eau de pluie fraichement tombée de la veille. J’habite en Normandie. En Normandie on dit parfois que la pluie pleut ‘à seaux’. Alors moi je mets des seaux dehors pour la pluie de Normandie. Cela me permet de faire un stock d’une eau adaptée à l’arrosage des plantes. Ce matin donc, la question était : Dois-je sauver un ver imprudent et perdre une vingtaine de litres d’une bonne eau en la versant sur une terre déjà bien arrosée hier ? Ou puis-je rester indifférente à la souffrance possible d’un ver en milieu inhospitalier ? Que faire ? Pas question de tendre la main à l’animal qui n’aurait certainement pas su répondre à mon geste. Pas question de toucher la bestiole. Je me mets alors en quête de quelque chose pouvait servir d’intermédiaire entre le ver et moi. Je trouve vite une petite branche que je trempe dans le seau. J’essaie d’attraper le ver avec, mais bien sur il prend peur et se tortille ! Tandis que, après maintes tentatives, je l’avais remonté quasiment en haut du seau, le voilà qui prend la poudre d’escampette et s’éclipse vers les profondeurs à nouveau. Damned ! Je ne désarme pas et retourne à la pêche. Enfin j’arrive à sortir la bête, et je la pose sur le sol, aussi délicatement que possible, avant d’aller remettre la petite branche où je l’avais trouvée. Le ver qui était ‘rose pale décoloré’ dans le seau avait pris maintenant une teinte rubis, il était tout rétréci et ne bougeait plus. Moi je devais partir bosser et tout ceci me mettait passablement en retard dans mon programme matinal. Pas le temps de lui faire un massage cardiaque, incapable de faire un bouche à bouche, je laisse là mon ver en situation critique. J’ai avalé un petit déjeuner rapide, et avant de quitter ma maison j’ai jeté un dernier coup d’œil à l’endroit où j’avais déposé mon noyé. Il n’y était plus ! Je l’ai cherché un peu et l’ai retrouvé à quelques centimètres, il avançait assez vite, avait perdu sa couleur trop foncée et avait retrouvé sa taille normale. Je pense qu’il avait fait le mort parce que je lui avais fait peur. Il semble que les vers de terre soient de piètres nageurs mais de bons acteurs….

 

De l’eau de La Bouille

Le ciel reflétait sur l’eau ses humeurs

Qu’il avait très changeantes,

Ici, un amas de nuages boudeurs

Engrisonnait le fleuve.

Là, les trompettes du vent

Avaient soufflé les cumulus tristes

Mais gardé quelques réserves,

Au cas où… la pluie.

Alors le bleu de ciel reprenait du terrain,

Et la Seine, du vert et de l’outremer.

Elle était haute, la Belle,

Et léchait les parapets.

Elle avait un air de mystère,

Une rondeur grondeuse,

Insondable et dangereuse.

Je ne peux passer sur ces rives,

Sans penser à Léopoldine Hugo

Et son malheureux naufrage.

 

Elle était belle la Seine, ce jour-là

Belle et cruelle un peu…

 

La Bouille, 8 mai 2019

Aujourd’hui et Hier

Aujourd’hui,

Ciel gris

Cordes liquides,

Douches froides

Il pleut des chats et des chiens,

Comme diraient nos voisins.

Aujourd’hui,

Chats couchés,

Pelotes soyeuses

Enroulées au fil des coussins,

Tête dans les pattes, bien cachée.

Le temps n’est pas à mouiller la vibrisse.

Aujourd’hui,

Moral en berne,

Muguet rouillé, Lilas mouillé

Se souvenir que l’été était dans le printemps d’hier,

Le prier de revenir,

Se rappeler à son bon souvenir,

Aujourd’hui,

J’invite en ma mémoire

Les rayons chauds récents,

Le sable sur mes pieds,

Et les reflets de la ville,

Inondée de soleil,

 

Aujourd’hui,

Je vais faire mine d’oublier la pluie…

Dimanche d’Avril

C’est comme ça, tu vois, c’est un dimanche d’avril, un dimanche qui dégage enfin  une odeur de printemps. Le sol attrape un petit peu de la chaleur du soleil, et le ciel arbore son plus beau bleu, avec juste, ça et là, un nuage de lait, en pointillés…

Et nous, on pointe le nez dehors, parce qu’on veut notre dose, tu vois ? On en veut un peu de ce printemps-là, aussi fugace soit-il. Ce qui est pris n’est plus à prendre, et partager ce plaisir-là ne le divisera pas.

C’est là, tu vois, c’est tout de suite et c’est maintenant. Faut apprécier, profiter, jouir de la beauté du moment, parce que déjà, sur la mer, les nuages s’accumulent en une masse gigantesque.

L’horizon a tenté de faire barrage un peu, histoire qu’on ait un peu de bon temps. Mais il est bien fragile, l’horizon, au regard des monstrueuses forces nuageuses. Ça obéit pas, un nuage, ça n’en fait qu’à sa tête. Et si ça veut percer, ça perce, et ça déverse, averse.

 

On prend les couleurs du jour en plein, l’émeraude des pelouses, les cabanes bayadères, et puis le bleu vert argenté de l’eau, et le gris clair de l’asphalte, et le foncé du ciel, et l’or clair du sable, et puis…

Et puis c’est beau…

Le ciel menace plus fort, il pose un ultimatum, tu rentres maintenant les pieds au sec, ou bien t’assumes les ruisseaux dans les chaussures…

Je rentre, j’ai écarquillé mes yeux assez pour y faire entrer ce morceau de printemps. Je reviendrai demain, et puis les jours d’après, et je construirai une saison. Entière. Belle. Et douce…

En trombes

La pluie tombe des trombes,

En pointillés d’éclaircies aussi,

Énormes, les trombes,

Minuscules, les pointillés…

La terre devient boue, gadoue,

Les nappes phréatiques, frénétiques,

Mes poumons tournent branchies,

Ma peau se couvre d’écailles,

Et moi je caille…

Cinq automnes en un hiver,

Mille saisons des pluies

J’ai comme l’impression de vivre

Un film de Cronenberg,

Une Existenz’ moite et glauque,

Sur un petit écran

Un aquarium,

Et moi je suis dedans…

On dit qu’il sauver Nemo,

Mais il faut me sauver des Flo(ts) aussi,

Alors j’en appelle au printemps,

En espérant qu’il m’entende

Et qu’il ne me réponde pas

Au goutte à goutte….