Paris de pluie et de nuit

La maison sans Providence est un crève-coeur. J’ai eu besoin de partir, de changer d’espace et de temps, d’accélérer le rythme, de m’enivrer de gens et de bruits, d’images et de sons, d’odeurs…

Paris est le lieu qui permet cela. Premier soir et la pluie, drue d’abord et puis fine, et puis plus… seuls les pavés rappelaient son passage, son lavage à grande eau, permettant ainsi de flâner le nez en l’air…

 

 

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 14/…

Après un peu de ‘Porte à Porte’, Max-Louis (Iotop) et moi-même sommes repartis dans une aventure à quatre mains en quête de Lumière, sous et avec des lampadaires…

Vous trouverez tous les chapitres précédents ici

Photo Florence

Chapitre XIV

Il était grand temps de s’attabler à l’invitation de la curiosité et boire toutes les paroles tout en évitant l’ivresse de l’extraordinaire à surgir comme un diable à ressort ou à l’ennui par la raison même de son propre état de raison que le déraisonnable à se tenir en première ligne.

Tout ce monde de nuit était attentif au conteur qui s’appuya sur la belle tige du Sieur Réverbère qui s’étonna de la douceur des vêtements du petit homme qui semblait un peu gêné d’entreprendre devant l’assemblée constituée une narration toute personnelle…

— Alors ? est pour aujourd’hui ou pour demain ? S’enfla d’impatience Prince Kremaloff.

— «Minute papillon», rétorqua le nain, qui, finalement, s’assit sur le tabouret dont on ne savait toujours pas d’où il venait et il où il devait aller, mais il est certain qu’il avait sa place à ce moment précis.

— Il est grand temps d’en savoir davantage, nom d’une aile en bois, grogna Luciole. Ce qui étonna, interpella, le Réverbère.

— Vous en avez une drôle voix ? dit-il entre le soupçon et l’interrogation.

— C’est que j’ai dû attraper froid, se confessa la Luciole à la voix devenue féminine.

— Étrange, souffla le Prince qui la lorgna d’un drôle d’œil, qu’elle vibra étrangement et se posa sur le bonnet du deuxième nain.

— Vous n’avez jamais eu mal à la gorge, vous ? dit-elle un tantinet énervée.

— Que vous importe…mais si vous voulez tout savoir, ma voix ne change pas aussi radicalement…

— C’est parce que… toute petite…

— …parce que vous avez été toute petite ? ria le Réverbère qui avait retrouvé sa lumineuse humeur.

— Je vous demande un peu de respect, s’aventura à dire le deuxième nain qui reniflait la Grande Perche.

— De quoi je me mêle ? hein ? s’étonna le Prince, d’une telle remarque.

— On se mêle de ce qui nous regarde, confirma le premier nain, la pelle à la main, comme un possible prolongement à attaquer.

— On vous attend, vous, pour nous conter ce que votre soi-disant grand-Oncle aurait eu à faire avec cette histoire qui nous embarque sur une drôle de pente, coupa court Sieur Réverbère.

— Bien ! Tout le monde est installé ?

On voyait pointer le premier jour dans les plis de la nuit qui s’étirait sur les bords d’un l’horizon chrysalide…. que le nain toujours assis sur son tabouret, commença :

— Alors, ce voyageur qui avait l’air d’un vagabond à son accoutrement de prime printemps qui avait passé un hiver délavé par un automne bien trempé de toutes les couleurs, était un journalier des nouvelles de Les Quatre. Les Quatre sont l’assemblage des mondes qui se superposent en parallèle dans les profondeurs diamétrales et spiralées des rêves et cauchemars en perpendiculaires à la réalité où naissent les différentes strates de la conscience elle-même liée par contraste à l’inconscience qui pour faire court est une immense peinture murale qui impriment pêle-mêle les ordres et contradictions dont la décision va émerger à un moment où un autre si ce n’est son pendant l’indécision qui amène comme chacun le sait à une déperdition ultra conceptuelle du vivant et qui ….

— Aux faits ! aux faits !s’impatientait le Prince Russe dont la patience avait pris de cette envergure qui ne laissait pas indifférent les autres spectateurs aussi attentifs que curieux de savoir.

— Il faut un préambule, Monsieur le Prince, pour que vous compreniez bien l’environnement de la chose, rétorqua-t-il avec un sourire entendu. N’est-ce pas mon frère, Her ?

— Tout à fait mon frère, Man.

Et les deux frères nains de ce sourire mutuellement devant les protagonistes ébahis, médusés, étonnés.

— Mais alors cette histoire de voyageur et grand-oncle ? C’est de la poudre de perlimpinpin ? s’étonna le Prince.

(Texte Max-Louis)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 4/…

Après avoir fait un peu de ‘Porte à Porte’, Max-Louis (Iotop) et moi-même sommes repartis dans une aventure à quatre mains en quête de Lumière, sous et avec des lampadaires…

Le chapitre I est ici,   le chapitre 2 est ici  et le chapitre 3 est ici

Voici le quatrième chapitre, écrit par Max-Louis.

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Chapitre IV

Les hostilités ouvertes dans la bonne humeur de ce grand jour par ce début de nuit au caractère trempé entre magnétisme électrique et tradition de bonnes mœurs, qu’une luciole, fine fleur de son territoire, en nuisette d’éclairage vert émeraude fait son apparition telle une star en lever de rideau d’une scène mythique… (voire mystique)…

Le lampadaire s’étonne, le samovar s’émulsionne de toute son eau vive et rêve d’une bouilloire en bel apparat prêt à l’embarquer sur un tapis de thé vert sur un jeté de dés diamantés tandis que le Prince Kremaloff suit des yeux la belle éveillée et s’arme de son lance-sortilèges fabrication maison pour l’emprisonner dans sa gibecière d’insectes nocturne séance tenante pour une future préparation…

— J’aime cette soirée au clair de luciole, verse mélancoliquement, au pied du Lumineux, le Prince un tantinet heureux et l’entourant d’un bras robuste genre gladiateur.

— Vous êtes un détraqué majeur me semble-t-il, s’offusque le radiant nuiteux.

— Détendez-vous. Et si je vous massais le haut du mollet, grand dadais ?

— Ne me touchez pas ! s’exclame le lampadaire outré.

— Cool, la perche Radieuse. Je souhaite un moment de répit dans ma vie de vagabond et une hospitalité d’une nuit même si ce n’est pas la meilleure nuit que j’attendais.

— Adressez-vous à l’Armée du salut, diabolique…

A ce moment-là, une ombre surgit…

(Texte Max-Louis)

Un soir, à Amsterdam

 

Agenda Ironique Juin 2021 – Sous les toits de Paris

Première participation à l’Agenda Ironique. Le thème en est ‘la langue’ et quatre mots sont à utiliser : chouette, insomniaque, narine, frigoriste. 

Étendue sur le quai de son lit, elle attend le train du sommeil, les yeux déjà fermés, prête pour le départ car souvent ce train arrive sans crier gare.

Huit heures de repos ferme, sans étapes, sans arrêt, voilà ce qu’elle désire, voilà ce qui serait une chouette destination. Devenue insomniaque, les nuits blanches se succèdent les unes après les autres, depuis bientôt trop longtemps. Et demain, demain dès l’aube ou presque, elle doit se rendre à l’université pour y passer ses derniers examens de l’année.

Quelle idée de venir faire des études d’anglais à Paris quand on est russe ? Elle aurait pu choisir Cambridge ou Oxford. Mais vu de Moscou, l’appel de Paris est bien plus fort. Et la langue anglaise n’est, somme toute, qu’un prétexte pour fuir tout ce qui pèse trop lourd dans un sac à main quand on a 18 ans.

Neuf mètres carrés sous les toits du Marais, l’adresse est chic. Chic et chère, certes, mais quelle vue ! Perchée sur le tabouret, en se penchant un peu, elle peut voir la place Georges Pompidou et les gros tuyaux colorés de Beaubourg. En juin, ça devient moins chic, quand les toits de zinc emmagasinent la chaleur toute la journée, et continuent de la diffuser pendant la nuit.

Les couinements du matelas dans le studio d’à côté semblent indiquer que son voisin non plus ne dort pas. La chaleur aussi, peut-être ? Pour un frigoriste, ce serait un comble. Cesser de penser, voilà ce qu’il faut faire pour commencer. Le sommeil se love mal dans les fils emmêlés des divagations de l’esprit. Pas de frigo dans sa chambre meublée, dommage, elle rêve de glace, de froid, de prendre un rail de neige dans les narines.

*          *          *

Vêtue d’un court tutu, chaussée de patins blancs, elle glisse sur la glace avec élégance et légèreté et effectue quelques figures gracieuses au bras de son frigoriste de voisin. Il parle russe aussi finalement. Tous deux font partie de la troupe de Holiday-on-Ice. Dans les gradins, le public les applaudit chaleureusement.

La stridence du réveil torpille son sommeil et perce ses oreilles.

Elle n’a pas assez dormi, tant pis…

APicADay – Passer sous le Gros-Horloge

Après le brouhaha de la journée, la vie s’éteint un peu tandis que les lumières s’allument.

L’arche du Gros-Horloge offre un cadre aux ruelles dont les pavés sont dorés de néons et de pluie.

La cathédrale au loin éclaire ses tourelles. Ici, ça sent l’averse qui s’éloigne un peu, la pierre mouillée, et la tiédeur du jour passé.

Rouen se déambule bien la nuit…

APicADay – Le Flou, Gemme

Alors parfois on bouge, on fait un pas de coté, et les bateaux, les bassins, les lumières et leurs reflets se mettent à bouger aussi, à vibrer d’un autre éclat. Alors on quitte le port, un peu, pour s’émerveiller devant la vitrine d’un joaillier…

Le flou a du bon parfois  quand il transforme les lumières en gemmes et les navires en colliers…

Hey, dis-moi le Chat…

Bingo 2002 – 2020 Royal de Gouttière, inspirateur de mots…

Je voudrais savoir, le Chat…

Où tu vas quand tu pars le soir, dans la nuit glacée,

Délaissant ainsi cheminée, coussins, câlins, canapés…

À quoi occupes-tu ces longues heures d’absence ?

Sur quelles nouvelles toitures te mènent tes errances ?

C’est quoi la froidure et la chaleur pour toi ?

Est-ce qu’elles ne te font ni chaud ni froid ?

*

Dis-moi, le Chat…

D’où sors-tu que c’est moi qui fais l’ondée ?

Celle que tu me reproches, miaulements courroucés.

Je ne fais ni la pluie ni le beau temps, voyons !

Je n’ai pas le pouvoir d’orchestrer les saisons.

Ça fait quoi, l’eau qui tombe sur tes poils de soie ?

Pourquoi tu passes autant de temps dessous, parfois ?

*

Explique-moi, le Chat …

À quoi tu penses quand, perché sur le muret,

Silhouette sur fond de lune, tête légèrement penchée,

tu zieutes vers le ciel ce que je ne sais voir.

À quelle constellation racontes-tu des histoires ?

Fais-tu la cour aux étoiles du Poisson ?

Ou bien observes-tu le vol d’un papillon ?

*

Raconte-moi, le Chat …

Comment tu fais pour monter tes jouets à l’étage ?

J’aimerais bien voir ta tête, je souris à l’image.

Est-ce que ton esprit prête vie aux souris toc,

Que chaque nuit, dans la salle de bain, tu emportes ?

Dans quelles batailles furieuses retournes-tu les tapis ?

Es-tu toujours vainqueur de ces luttes sans merci ?

*

Avoue-moi, le Chat …

Comment tu me perçois, moi, soucieuse de ta liberté,

Que tu observes parfois, à travers la surface vitrée,

Moi enfermée, et toi dehors, libre et léger comme l’air

Suis-je comme un poisson dans un bocal en verre ?

Une drôle de bestiole aux gestes étonnants ?

Allez, dis-moi, suis-je un spectacle réjouissant ?

*

J’aimerais comprendre, le Chat…

Ce que je suis pour toi.

Je ne suis pas ton ‘maître’, non,

Les chats n’en ont pas,

Suis-je un animal utile,

Auquel tu tiens compagnie ?

Ou bien suis-je ton tendre chaton ?

*

Je te vois, le Chat…

Tu me regardes, de tes grands yeux curieux,

Tu me comprends peut-être, ou pas, ou juste un peu.

Mais il est clair que, de toute façon,

Tu ne répondras pas à toutes mes questions,

Parce qu’on le sait, si les chats pouvaient parler…

ils ne parleraient pas !

 

(Pour la version audio, cliquez sur le mot, ici )

 

Ce texte a été initialement publié en 2014, et très légèrement modifié aujourd’hui. J’ai eu envie de le republier en hommage à ce cher chat qui a fait un joli bout de chemin avec moi. 18 ans, c’est pas rien…) 

APicADay – Graville, l’Abbaye

Nichée à flanc de colline, dans un écrin vert,

elle dégage un mystère auquel je suis sensible.

La nuit, dans son cimetière, se murmurent des légendes,

des histoires de marchands, de notables et d’affaires.

Et puis on peut aussi y entendre les rires

des enfants couchés là,  qui n’ont pas pu grandir,

fauchés beaucoup trop tôt,

partis beaucoup trop vite.

Et pour qui a les yeux suffisamment perçants,

pour déchiffrer la pierre,  érodée par le vent,

soumise par le temps,

se liront les épitaphes et la douceur des mots,

qu’un jour a écrit l’homme aux multiples talents

cet immense écrivain, qu’on appelait Hugo,

Victor de son prénom…

 

(Il y a entre ma ville et Victor Hugo des liens tissés, parfois lâches, parfois serrés, pas toujours tissés de son plein gré, mais il n’empêche… il a laissé ses traces. Si vous voulez découvrir quelques éléments de cette histoire, voici un article écrit il y a quelques années déjà. )

Jean Valjean, la légende

 

APicADay – En sortant du Musée (encore)

En sortant du musée, si c’est un peu l’hiver, et si c’est un peu tard, alors le dehors rivalise avec l’intérieur.

Le ciel dessine des toiles, avec des pinceaux d’or, d’ocre, et d’orange. Il se zèbre de blanc qui appuie sur les noirs posés au premier plan.

Alors on peut assister au coucher du Roi Soleil et lui souhaiter la bonne nuit, en espérant que la courbette sera digne du Seigneur afin qu’il daignetoil revenir au matin.

Que ce ne soit pas un adieu, juste un au-revoir…