13 février : Le jour du restaurant chez soi (éphéméride 2)

Aldegure venait d’achever une mission importante, périlleuse et pas drôle du tout. Pour célébrer cet accomplissement, il avait prévu d’inviter son épouse Milimie au restaurant. Lorsqu’il rentra chez lui à 19 heures, il était très fatigué. La nuit était tombée qui transformait l’extérieur en une aventure sombre. Milimie comprit que le réconfort ne se conjuguerait pas au mode ‘restaurant’ et proposa : « Et si l’on faisait un grand feu pour se réchauffer les os et qu’on allait chercher nos plats préférés chez le traiteur d’à côté ? »  La proposition alluma un sourire sur le visage d’Aldegure qui s’empressa d’acquiescer.

Alors ce fut comme si le restaurant s’était installé à la maison. Un grand feu les réchauffait tandis que de bons plats tout prêts les régalaient. La musique choisie était joyeuse et MimiBoulette, la minette, était contente de ne pas passer la soirée seule.

Tout était parfait en cette veille de St Valentin et de beaucoup de bruit pour rien. Alors Milimie décréta que le 13 février serait la journée du restaurant chez soi.

Depuis, tous les 13 février, les restaurants restent fermés et les traiteurs ouverts !

11 février : Le jour sans énergie ni désordre (éphéméride jour 1)

A Serpaville, petit village normand, en haut d’une tour d’un vieux château tout cassé, il y avait une chambre toujours en désordre. Londrêche, la grincesse déglinguée qui y vivait, dégageait tant d’électricité que les objets ne restaient pas en place et virevoltaient au moindre de ses mouvements.

C’était fatigant de toujours les ranger. Fatigant et vain. Dans la nuit du 10 au 11 février 1962, Londrêche ne parvenait pas à dormir. Sa tête échafaudait mille plans, imaginait autant de stratagèmes et de solutions, prenait toutes sortes de mesures en espérant que, enfin, les objets deviennent sages et immobiles.

Lorsque MiaChat réclama sa pitance au matin, la grincesse se leva à grand peine tant elle était épuisée.

Il lui fallut du temps avant de s’apercevoir qu’aucun objet n’avait valsé depuis son lever. Plus d’énergie, plus d’électricité non plus, ordre revenu.

Éreintée mais heureuse, elle décréta que le 11 février serait la journée sans énergie ni désordre.

Depuis, chaque 11 février à partir de la nuit, le château tout cassé est inondé de lumière et de musique pour que nul ne dorme et que l’ordre s’installe dans la fatigue du jour.

(petit exercice d’écriture sous forme d’éphéméride…)

Epiphanie

Tout d’abord rappeler que le mot ‘épiphanie’ ne signifie pas fève, galette et couronne sur la tête, mais « apparition », et par extention « révélation ».

Et des révélations, j’en ai à vous faire, j’ai quelques vérités à rétablir. A moins que ce ne soit pas des vérités vraiment vraies et que ce soit à cause de Jacques Brel que j’me brèle…

Quoi qu’il en soit, j’espère, ma foi, ne heurter aucune foi.

Il était 20 heures, ce 6 janvier. Tout le monde s’apprêtait à passer à table pour célébrer l’anniversaire de Juda. Cette période de l’année était toujours chargée, le solstice d’hiver, l’anniversaire des jumelles le 25 décembre, puis la fin de l’année, et tutti quanti.

Dix couverts étaient joliment disposés, la vaisselle brillait, et de délicieux fumets s’échappaient de la cuisine. Les jumelles, Christine et Christiane, prirent place, ainsi que leur frère Juda et Joseph le père, puis Papy et Trinité, la grand-mère. Juda avait invité des copains à lui, Baptiste, Mathieu et cet âne de Paul avec qui, cependant, Juda – passionné d’acide rock, aimait bien faire un bœuf de temps en temps. Dans la cuisine, Marie en avait marre de s’activer.

L’ambiance était singulièrement sinistre. Un ‘plop’ indiqua qu’une bouteille de champagne avait été ouverte, et le liquide doré emplissait maintenant les verres. Il faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne vit pas, Monsieur, on ne vit pas, non … Alors on boit un peu, pour réchauffer l’atmosphère.

En dépit de l’insistance de sa mère, Juda n’avait pas voulu se défaire de sa sacro-sainte tenue gothique noire assortie à ces yeux charbonneux. Ce n’était pas un adolescent facile, non, il donnait du fil à retordre à ses parents.

Soudain, la sonnette retentit. A cette heure, c’était étonnant, on n’attendait plus personne. Trois grands gaillards, éclairés par la lune, se tenaient là, dans l’encadrement de la porte. C’était de lointaines relations de la famille, dont on avait vaguement entendu parler sans jamais les avoir rencontrées. Joseph les invita à entrer et, vu l’heure, leur proposa de rester à diner, ce qu’ils acceptèrent sans ambages. Ils s’y attendaient même, visiblement, puisqu’ils n’étaient pas venus les mains vides. Ils déposèrent leurs présents, myrrhe, encens et or, sur le plan de travail dans la cuisine.

On se poussa un peu pour leur faire de la place, tandis que Marie ajoutait trois couverts. Elle était contrariée car son service de table était prévu pour douze personnes, la treizième assiette serait donc dépareillée. Et puis, treize à table… Gaspard s’installa entre les deux filles, tandis que Balthazar s’asseyait entre Trinité et Joseph, face à Juda, et que Melchior prenait place entre Marie et le Papy. Les bulles du champagne n’y avaient rien fait, l’air était toujours chargé d’électricité et une chape de plomb semblait peser sur la tablée.

On entama le repas, quasi religieusement. En coulant dans la gorge, la bisque de homard faisait des grands ‘slurps’. Oui, ça faisait des grands ‘slurps’. Quelque chose que personne ne maîtrisait était en mouvement. L’incongruité de cette assemblée devait s’expliquer ailleurs que dans le cadre de l’anniversaire d’un adolescent boutonneux. Soudain, Gaspard se leva et prit la parole. « J’ai une révélation à vous faire ». Tout sembla s’immobiliser, y compris la goutte de soupe maintenue en suspension sur le bord de la cuillère.

Alors c’est Melchior qui poursuivît. ‘Christine, Christiane, il est temps que vous sachiez que Joseph n’est pas votre père ». Les jumelles ouvrirent grand les yeux tandis que Marie joignait ses mains en prière. Il faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne pense pas, Monsieur, on ne pense pas, on prie. Papy devint rouge comme la bisque, tandis que le visage de Trinité tournait blanc comme neige.

Joseph frappa du poing sur la table en s’écriant « Quoi ! Insinuez-vous que mon épouse m’a trompé ? Et que je me saigne les veines pour nourrir des enfants qui ne sont pas de moi ?!! « Il faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on ne cause pas, Monsieur, on ne cause pas, on compte.

Alors Balthazar assena le coup final. « Christine et Christiane sont les enfants de Papy qui, en fait, n’est autre que le Saint Esprit. Elles sont nées de la façon la plus pure, par Immaculée Conception. ».  Alors là, tous les visages se figèrent comme la soupe dans la soupière, tous bouche bée comme autant de ronds de serviettes.

Un trop plein d’émotion et le rire de Juda devint hystérique, « Il m’encuquoi conception ?? A-t-on déjà vu des enfants naître de telle façon ? « Alors Balthazar poursuivit et expliqua tout. Tous les projets pour l’Humanité, et les couacs dans les rouages de la machine, qu’on pensait bien huilée pourtant. Il raconta l’idée de la Trinité, le père, le fils et le Saint Esprit. Et l’énorme bug qui suivit. Non seulement de cette Trinité le Fils devint Fille, mais en plus il y en avait deux.

Impossible de résoudre la quadrature du cercle, alors pour que la Trinité devienne réalité, l’une des jumelles devait partir, et quitter le cocon familial. L’enjeu était de taille, la peine valait la peine. Mais c’était difficile. Parce que chez ces gens-là, on ne s’en va pas, Monsieur, on ne s’en va pas …  Christiane avait toujours été plus proche de sa mère, de son père et de Papy, elle fut donc l’élue.

C’est ainsi que, ce soir-là, Christiane vit sa sœur Christine franchir pour la dernière fois le seuil de la maison. Par la fenêtre, elle la vit monter dans un grand traineau rouge, et filer sur la neige …

Jamais plus on n’entendit parler d’elle. Des rumeurs racontent qu’elle a épousé le Père Noël …. D’autres disent qu’elle est partie au Vatican et hante aujourd’hui la fameuse chapelle Christine… Enfin… les rumeurs, Monsieur, vous savez … Les rumeurs …

Mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi ….

 

 

 

 

 

 

Marée descendante

C’était le 11 octobre, il y a quelques jours seulement. L’été s’attardait et la mer restait une invitation alléchante. Les pieds appréciaient le doux mouvement de la marée et du sable.

Et pourtant, à quelques encablures, la situation était visiblement dramatique.

En effet…

 

Voici tout ce qu’il en restait après coup…

Y-a-t-il beaucoup de bonhommes en sucre qui disparaissent ainsi ? Est-ce qu’un jour la mer sera sucrée et non plus salée ? Je me demande…

(photos moches prises avec mon téléphone… )

 

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 14/…

Après un peu de ‘Porte à Porte’, Max-Louis (Iotop) et moi-même sommes repartis dans une aventure à quatre mains en quête de Lumière, sous et avec des lampadaires…

Vous trouverez tous les chapitres précédents ici

Photo Florence

Chapitre XIV

Il était grand temps de s’attabler à l’invitation de la curiosité et boire toutes les paroles tout en évitant l’ivresse de l’extraordinaire à surgir comme un diable à ressort ou à l’ennui par la raison même de son propre état de raison que le déraisonnable à se tenir en première ligne.

Tout ce monde de nuit était attentif au conteur qui s’appuya sur la belle tige du Sieur Réverbère qui s’étonna de la douceur des vêtements du petit homme qui semblait un peu gêné d’entreprendre devant l’assemblée constituée une narration toute personnelle…

— Alors ? est pour aujourd’hui ou pour demain ? S’enfla d’impatience Prince Kremaloff.

— «Minute papillon», rétorqua le nain, qui, finalement, s’assit sur le tabouret dont on ne savait toujours pas d’où il venait et il où il devait aller, mais il est certain qu’il avait sa place à ce moment précis.

— Il est grand temps d’en savoir davantage, nom d’une aile en bois, grogna Luciole. Ce qui étonna, interpella, le Réverbère.

— Vous en avez une drôle voix ? dit-il entre le soupçon et l’interrogation.

— C’est que j’ai dû attraper froid, se confessa la Luciole à la voix devenue féminine.

— Étrange, souffla le Prince qui la lorgna d’un drôle d’œil, qu’elle vibra étrangement et se posa sur le bonnet du deuxième nain.

— Vous n’avez jamais eu mal à la gorge, vous ? dit-elle un tantinet énervée.

— Que vous importe…mais si vous voulez tout savoir, ma voix ne change pas aussi radicalement…

— C’est parce que… toute petite…

— …parce que vous avez été toute petite ? ria le Réverbère qui avait retrouvé sa lumineuse humeur.

— Je vous demande un peu de respect, s’aventura à dire le deuxième nain qui reniflait la Grande Perche.

— De quoi je me mêle ? hein ? s’étonna le Prince, d’une telle remarque.

— On se mêle de ce qui nous regarde, confirma le premier nain, la pelle à la main, comme un possible prolongement à attaquer.

— On vous attend, vous, pour nous conter ce que votre soi-disant grand-Oncle aurait eu à faire avec cette histoire qui nous embarque sur une drôle de pente, coupa court Sieur Réverbère.

— Bien ! Tout le monde est installé ?

On voyait pointer le premier jour dans les plis de la nuit qui s’étirait sur les bords d’un l’horizon chrysalide…. que le nain toujours assis sur son tabouret, commença :

— Alors, ce voyageur qui avait l’air d’un vagabond à son accoutrement de prime printemps qui avait passé un hiver délavé par un automne bien trempé de toutes les couleurs, était un journalier des nouvelles de Les Quatre. Les Quatre sont l’assemblage des mondes qui se superposent en parallèle dans les profondeurs diamétrales et spiralées des rêves et cauchemars en perpendiculaires à la réalité où naissent les différentes strates de la conscience elle-même liée par contraste à l’inconscience qui pour faire court est une immense peinture murale qui impriment pêle-mêle les ordres et contradictions dont la décision va émerger à un moment où un autre si ce n’est son pendant l’indécision qui amène comme chacun le sait à une déperdition ultra conceptuelle du vivant et qui ….

— Aux faits ! aux faits !s’impatientait le Prince Russe dont la patience avait pris de cette envergure qui ne laissait pas indifférent les autres spectateurs aussi attentifs que curieux de savoir.

— Il faut un préambule, Monsieur le Prince, pour que vous compreniez bien l’environnement de la chose, rétorqua-t-il avec un sourire entendu. N’est-ce pas mon frère, Her ?

— Tout à fait mon frère, Man.

Et les deux frères nains de ce sourire mutuellement devant les protagonistes ébahis, médusés, étonnés.

— Mais alors cette histoire de voyageur et grand-oncle ? C’est de la poudre de perlimpinpin ? s’étonna le Prince.

(Texte Max-Louis)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 8/…

Après avoir fait un peu de ‘Porte à Porte’, Max-Louis (Iotop) et moi-même sommes repartis dans une aventure à quatre mains en quête de Lumière, sous et avec des lampadaires…

Le chapitre I est ici,   le chapitre 2 est ici ,  le chapitre 3 est ici, le chapitre 4 est ici, le 5 est , le 6 ici, le 7 , et voici donc le chapitre VIII

Chapitre VIII

Les bouches bées et les cerveaux perplexes comme des cerceaux qui comprennent soudainement que la gravité a un sens dans leur relation au maintien en lévitation, les braves nains se demandaient si ce n’était pas un tour de cochon du lampadaire avec son air goguenard qui était en train de leurs faire prendre des vessies pour des lanternes et que le Prince Kremalof étonnant dans son comportement à rire à l’éclat de la certitude lumineuse qu’ils étaient les dindons de la farce valait tout l’or du monde d’ici à ceux des Univers présents et à venir et même des métavers.

Quand l’inattendu s’invite avec toute la famille des synonymes de déroutant, étrange, imprévisible, sensationnel, déconcertant, les cœurs des petits hommes pouvaient remballer leurs émotions piquantes comme un hérisson commun pris à la lumière d’un flagrant délit de déguster des grillons dodus de son garde-manger.

Car s’il ne s’agissait pas de hérisson directement qui s’illuminait aux multi yeux de ce quatuor mais bien de nouveaux protagonistes de cette histoire par le jeu de grillons, chenilles, scarabées, cloportes, et autres insectes bizarres aux rythmes chaloupés qui jouaient d’instruments faits de graminées diverses et variées aux sons ensorcelants et divins ouverts aux feux éclatants de lampyris multicolores défiant la Luciole de service déstabilisée provoquant un feu intérieur inconnu et dévastateur.

A ce spectacle les nains refermèrent la plaque de bois vermoulu. Il n’était pas question de prendre « ça » comme un trésor ! Il fallait se raisonner et prendre le parti que tout ce long chemin fait en compagnie d’embûches rigolardes et imprévues ne valait pas un tel désappointement.

— Cela ressemble fort à la compagnie des chats dans le fameux Disney « Les Aristochats », riait le Prince Kremalof les dents à la lumière mais contrariées d’être découvertes.

— Je vous prie de ne pas confondre notre réalité… dissocier mon ami, dissocier… interjecta le plus petit des hommes la pelle sur l’épaule, tout prêt replacer la terre à sa place vermoulue elle aussi à défaut d’être meuble tandis que le bitume échaudé dormait le dos rond rêvassant d’être à nouveau une huile minérale…

— Alors messieurs, comme ça vous allez abandonner un tel « trésor » ! dit le lampadaire qui faisait le gros œil, car pour lui il perdait de sa négociation une part qui lui était due, il ne s’était pas déplacé pour des prunes, tout même.

— Messieurs, messieurs, interpella le Prince revenu à la raison du moment, trouvons un arrangement. N’est-il pas possible que ces phénomènes que nous venons de découvrir ne soient pas un trésor à fructifier ?

(texte Max-Louis)

Meloe proscarabaeus en habit de soirée

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 4/…

Après avoir fait un peu de ‘Porte à Porte’, Max-Louis (Iotop) et moi-même sommes repartis dans une aventure à quatre mains en quête de Lumière, sous et avec des lampadaires…

Le chapitre I est ici,   le chapitre 2 est ici  et le chapitre 3 est ici

Voici le quatrième chapitre, écrit par Max-Louis.

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Chapitre IV

Les hostilités ouvertes dans la bonne humeur de ce grand jour par ce début de nuit au caractère trempé entre magnétisme électrique et tradition de bonnes mœurs, qu’une luciole, fine fleur de son territoire, en nuisette d’éclairage vert émeraude fait son apparition telle une star en lever de rideau d’une scène mythique… (voire mystique)…

Le lampadaire s’étonne, le samovar s’émulsionne de toute son eau vive et rêve d’une bouilloire en bel apparat prêt à l’embarquer sur un tapis de thé vert sur un jeté de dés diamantés tandis que le Prince Kremaloff suit des yeux la belle éveillée et s’arme de son lance-sortilèges fabrication maison pour l’emprisonner dans sa gibecière d’insectes nocturne séance tenante pour une future préparation…

— J’aime cette soirée au clair de luciole, verse mélancoliquement, au pied du Lumineux, le Prince un tantinet heureux et l’entourant d’un bras robuste genre gladiateur.

— Vous êtes un détraqué majeur me semble-t-il, s’offusque le radiant nuiteux.

— Détendez-vous. Et si je vous massais le haut du mollet, grand dadais ?

— Ne me touchez pas ! s’exclame le lampadaire outré.

— Cool, la perche Radieuse. Je souhaite un moment de répit dans ma vie de vagabond et une hospitalité d’une nuit même si ce n’est pas la meilleure nuit que j’attendais.

— Adressez-vous à l’Armée du salut, diabolique…

A ce moment-là, une ombre surgit…

(Texte Max-Louis)

Un soir, à Amsterdam

 

La Porte (9 et fin)

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La gardienne de ce temple n’avait pas envie de céder. Eh bien, elle allait entreprendre autre chose de plus radical comme les mots doux n’avaient point les effets escomptés.

Aussi, elle se transforma en une torche vivante tel un bûcher venu des fonds des âges et qui avait déridé d’un seul coup le bourgeois au visage de l’effroi.

On aurait pu s’attendre à ce que le béotien prenne ses jambes à son cou telle une comète à la chevelure de feu dessinant dans un ciel d’été une future apocalypse pour les terriens superstitieux jusqu’à la moelle des os surtout ceux du fémur.

Il n’en était rien. Planté comme une statue dans le cimetière du Père-Lachaise, la barbe fleurie, le bras gauche levé vers la porte enflammée et le bras droit désignant le fleuve à portée de main, la bouche ouverte vers le néant d’une voix qui s’était réfugiée bien loin dans le fond du gosier, il ne tentait aucune résistance à son sort scellé par son entêtement.

La Porte reconnaissait que l’homme avait du courage en posant comme un ancien sémaphore du rail, ce qui l’avait refroidi un tantinet sur le bord du chambranle.

Mais, il fallait en finir. Alors, par un effet dont la magie elle-même ne comprenait pas ce tour, la Porte avança vers ce têtu bipède pour le rôtir de son impertinence et l’emporter très loin dans les méandres d’un enfer dont le nom était tabou si ce n’est que personne n’était revenue pour le chanter voire le dire ou bien l’écrire tout simplement pour informer le commun des mortels.

Ainsi la Porte et le Bourgeois ne faisaient qu’un dans les flammes…

 

(texte de Max-Louis/Iotop)

 

(Merci beaucoup à Max-Louis – Iotop pour ce partage d’écriture, j’ai aimé faire ce ‘porte à porte’ à quatre mains)

La Porte (5)

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Aussi se dit-il qu’il est possible de soudoyer cette grande biche de porte qui n’avait pas l’air qu’elle devait avoir ni le tempérament trempé dans le bénitier avant la prière et par déduction l’âme tendre mais affûtée comme le rasoir du barbier de la place et dentiste de belle renommée qui endormait ses clients par un genre de sérum alcoolisé maison.

À ses réflexions qu’il approuve avec lui-même, le Bourgeois revient à la charge avec une nouvelle tactique celle de l’endormissement à plusieurs paliers tel le plongeur en apnée qui a une certaine profondeur perd la notion du temps accédant à l’abyssale abstraction du soi dont le corps n’est plus qu’une onde informe et déstructurée par effet de l’émotion intrinsèquement déployée dans la plénitude du mystère de l’existence en tant que mammifère terrestre…

Et, il s’engage pour un nouveau round après avoir pansé ses deux doigts de la main gauche dont la douleur vivace s’éternise comme un enfer qui ne dit pas son nom mais brûle la chair en des picotements à la pivert.

— Ainsi vous n’êtes pas de chêne ?

— Je peux dire que j’ai le ventail sensible à qui sait apprécier mes ferrures…

— Vos atours ?

— C’est cela même…

— Je ne veux en aucun cas être votre heurtoir mais seulement un passager de votre seuil comme une feuille de printemps à la couleur du montant de votre teint automnal et ô combien charmant.

— Flatteur…

— Mon intention n’est-il pas de vous séduire pour entrevoir entre vous et moi… une ouverture ?

— Si fait, si fait… mais, n’en faites point trop.

— Je vous saurais redevable infiniment si vous me laissiez entrer.

— Vous n’avez que cette idée fixe.

— Fixe et ancrée, car elle y va de ma vie.

— Votre vie vaut-elle une telle amplitude d’obstination ?

— Et vous, très chère, part tous les temps vous résistez comme moi… aussi votre abîme est aussi un peu la mienne ?

— Certes… et si nous convenions que je vous fasse entrer par la petite porte ?

Le Bourgeois aux yeux allumés d’espoir, allait-il accepter cette proposition ou bien s’en mordre les doigts… une nouvelle fois ?

Naples

La Porte (3)

Pour retrouver l’épisode 1, c’est ici

Et pour l’épisode 2, c’est . 

# 3

La Porte vibra légèrement sur son alignement, gauche, réveillant imperceptiblement le gond à scellement double feuille à l’oreille délicate.

— Des menaces, grand dadais ?

— Il n’est que temps que cette farce s’arrête et que le bon sens reprenne sa ligne de conduite !

— Vous parlâtes pour vous et j’en suis fort aise …

— Vous vous méprenez porte de malheur, prenez garde et faites que mon ordre d’être reçu par le directeur de ce lieu vienne à mon secours !

— Et votre directeur de conscience, il vous dit quoi, béotien ?

— Votre insolence est tout feu tout flamme, il se peut que votre entêtement ne vous gâche la journée !

— Vous faites l’artiste devant moi et regardez toutes ces bonnes gens derrière vous… vous faites carnaval …

— Assez ! assez ! je reviendrais et me ferais force loi …

— C’est cela, c’est cela …

Et d’un pas décidé et jambes enrôlées jusqu’aux mollets toutes font courses vers une légitime demande devant le premier haut fonctionnaire que le bourgeois, tout à sa colère d’être retenu comme un simple valet et risée de la rue passante à la moquerie facile, souhaite entretenir.

Naples

Porte à porte (1)

Avec Max-Louis du blog Le Dessous des Mots ( https://ledessousdesmots.wordpress.com ), nous avons fait un peu de porte à porte, enfoncé des portes ouvertes, balayé devant notre porte… Aventures racontées à quatre mains et en plusieurs paragraphes, dont voici le premier qui a été écrit par Max-Louis. La suite demain, sur son blog à lui avec ma deuxième partie à moi. 

***

*

La Porte était au seuil de sa réflexion que l’on frappe d’un objet genre pommeau de canne bourgeoise sur son panneau chêne sculpté … à la ferronnerie de belles figures.

— ¡Hola! Qu’est-ce ? Voilà t’y pas un bourgeois impertinent !

— «L’aile n’est pas celle que l’on pense»

— Le mot de passe est erroné, veuillez recommencer !

— Comment erroné ?

— Écoute bourgeois, j’ai la fibre végétale sensible aujourd’hui, alors, si je te dis : « Le mot de passe est erroné, veuillez recommencer !», ce n’est pas pour le plaisir.

— Ah ? alors : «L’on pense que l’aile n’est pas icelle»

— C’est mieux, mais ce n’est pas ça.

— «Pense que l’aile n’est pas à la selle»

— Mais ça ne veut rien dire, bougre d’âne !

— Bon Dieu de bois, il faut que je rentre !!!

— Que nenni mon bon, je ne suis pas la première venue à qui l’on conte fleurette, j’attends et j’ai tout mon temps, moi !

 

(à suivre ici, chez Max-Louis)

 

 

 

HaïkuChat

Des Haïkus Chat, parce que c’est comme chat !

 

 

Pour la petite histoire, avant d’arriver à la maison Providence vivait chez un marin-pêcheur qui l’emmenait à la pêche sur son bateau, avant de prendre lui-même une autre embarcation pour une autre rive du monde.

Providence fut donc une mini-navigatrice et il me plait de l’imaginer à l’avant du bateau, figure de proue d’un autre genre…