Petit Crob’Art : Le phare et le poisson

Le phare et le poisson

Et le poisson descend le courant,

guidé par le phare,

toutes sirènes hurlantes… 

***

Ils ne sont pas de moi, les dessins posés dans cette rubrique-là.

Ils sont de Thierry B.

Crobards spontanés,

Dessins automatiques,

Je les aime beaucoup,

Et j’ai envie de les partager…

 

Publicité

L’Elle

A l’occasion d’une « Semaine de la francophonie dans le monde », le Ministère de la Culture et de la Communication avait proposé d’inventer une histoire, en y incluant les mots suivants :

AMBIANCER       À TIRE-LARIGOT     CHARIVARI      S’ENLIVRER    FARIBOLE    

HURLUBERLU     OUF  TIMBRÉ      TOHU-BOHU      ZIGZAG 

 planetes

Les hommes sont de Mars, les femmes de Vénus …

Quant à l’Elle, elle venait de …

Ben, on n’a jamais su. Elle a débarqué un beau jour dans la jungle urbaine, sans que jamais l’on ne vit le moindre  ‘i’ de sa carte d’identité.

D’aucuns la qualifièrent vite d’huluberlu, mais elle n’en avait cure, à ceux qui disaient qu’elle était timbrée, elle rappelait qu’elle était affranchie aussi.

Ce que les terriens de Mars ou de Vénus appelaient ‘vie’, elle l’appelait ‘chaviravi’, mais les humains n’y entendant rien, ils en firent un charivari. Elle ne savait pas aligner les événements, elle faisait tout en vrac, en zigzag, des bulles de vie comme des boules de billard, rebondissant en bandes, sans les bandes, car de cadre elle arrivait à se passer.

Une vie comme une bande-dessinée où il semblait faire bon s’enlivrer, dans des phylactères en pétillance, de SHEBAM en POW en BLOP en WIZZ ! Et Gainsbourg lui chantait …

Non, pas de comic-strip, en fait …

Un charivari de ouf, mais d’une folie douce …

Elle n’avait ni sa pareille, ni sa salsepareille pour vous ambiancer une soirée, avec son pote Casimir en Disc-Jockey. Elle savait distinguer le bon vin de la vaine ivresse, vous faisait des cocktails pas Molotov mais explosif quand même, mélange Tohu-bohu dans le verre pour accompagner un gloubiboulga aux Fariboles. Elle avait le rire sans commune mesure, le dispensait à tire-larigot, démesurément, parce que, sans rire, on sait que pour le rire, vite la mesure ment.

Une nuit, on entendit un big bang à sa porte, et au matin, elle n’était plus, elle avait disparu. Il ne restait de l’Elle que sa cape d’invisibilité, invisible, rien donc …

Si d’aventure vous la croisez, voulez-vous bien lui rappeler qu’elle me doit cent balles, quand même …

 

Pour retrouver le texte mis en voix, cliquez ici 

 

 

Dis-moi le chat…

Dis-moi le Chat...

Dis-moi le Chat…

 

Je voudrais savoir, le Chat…

Où tu vas quand tu pars le soir, dans la nuit glacée,

Délaissant ainsi cheminée, coussins, câlins, canapés…

À quoi occupes-tu ces longues heures d’absence ?

Sur quelles nouvelles toitures te mènent tes errances ?

C’est quoi la froidure et la chaleur pour toi ?

Est-ce qu’elles ne te font ni chaud ni froid ?

*

Dis-moi, le Chat…

D’où sors-tu que c’est moi qui fais l’ondée ?

Celle que tu me reproches, miaulements courroucés.

Je ne fais ni la pluie ni le beau temps, voyons !

Je n’ai pas le pouvoir d’orchestrer les saisons.

Ça fait quoi, l’eau qui tombe sur tes poils de soie ?

Pourquoi tu passes autant de temps dessous, parfois ?

*

Explique-moi, le Chat …

À quoi tu penses quand, perché sur le muret,

Silhouette sur fond de lune, tête légèrement penchée,

tu zieutes vers le ciel ce que je ne sais voir.

À quelle constellation racontes-tu des histoires ?

Fais-tu la cour aux étoiles du Poisson ?

Ou bien observes-tu le vol d’un papillon ?

*

Raconte-moi, le Chat …

Comment tu fais pour monter tes jouets à l’étage ?

J’aimerais bien voir ta tête, je souris à l’image.

Est-ce que ton esprit donne vie aux souris toc,

Que chaque nuit, dans la salle de bain, tu emportes ?

Dans quelles batailles furieuses retournes-tu les tapis ?

Es-tu toujours vainqueur de ces luttes sans merci ?

*

Avoue-moi, le Chat …

Comment tu me perçois, moi, soucieuse de ta liberté,

Que tu observes parfois, à travers la surface vitrée,

Moi enfermée, et toi dehors, libre et léger comme l’air

Suis-je comme un poisson dans un bocal en verre ?

Une drôle de bestiole aux gestes étonnants ?

Allez, dis-moi, suis-je un spectacle réjouissant ?

*

J’aimerais comprendre, le Chat…

Ce que je suis pour toi.

Je ne suis pas ton ‘maître’, non,

Les chats n’en ont pas,

Suis-je un animal utile,

Auquel tu tiens compagnie ?

Ou bien suis-je ton tendre chaton ?

*

Je te vois, le Chat…

Tu me regardes, de tes grands yeux curieux,

Tu me comprends peut-être, ou pas, ou juste un peu.

Mais il est clair que, de toute façon,

Tu ne répondras pas à toutes mes questions,

Parce que, c’est bien connu, si les chats pouvaient parler,

Eh bien …ils ne parleraient pas !

 

Pour la version audio de ce texte, c’est ici