APicADay – Le Flou, Gemme

Alors parfois on bouge, on fait un pas de coté, et les bateaux, les bassins, les lumières et leurs reflets se mettent à bouger aussi, à vibrer d’un autre éclat. Alors on quitte le port, un peu, pour s’émerveiller devant la vitrine d’un joaillier…

Le flou a du bon parfois  quand il transforme les lumières en gemmes et les navires en colliers…

APicADay – Sardines Marines

Est-ce un banc de sirènes ou un banc de sardines accroché là au ponton…?

Est-on obligé de manger du poisson ?

Je me pose la question.

Moi, le poisson, je n’aime pas,

Doit-on me blâmer pour ça ?

Il me semble bien que non.

D’autant que le poisson, c’est toxique

vu qu’il est farci au plastique,

au coton-tiges et au polystyrène.

Et puis, il y a des sirènes,

qui n’ont pas grandi assez vite

et sont restées des sardines.

Sérieusement, qui aurait envie de manger des sirènes ?

Dans le doute, je m’abstiens donc…

APicADay – Mettre les Voiles

Le ciel était laiteux ce jour-là encore, pastellisant ainsi toutes les couleurs. Les voiles en contrebas étaient tranquilles et nonchalantes en l’absence de tout vent. Pas même une petite brise pour venir les agiter et leur donner envie de prendre la mer.

Alors mettre les voiles ? Ok, mais après la lenteur du temps et la douceur d’une sieste dans le silence des drisses.

APicADay – Pas Impressionnées

Le ciel se prenait pour Monet, avait sorti sa palette et peint des taches blanc bleu gris jusqu’à l’horizon.

Nous, ce qu’on voulait, c’était des couleurs qu’ont du peps, des qui nous sautent aux yeux et font tourner la tête.

Alors on a sorti les rouleaux et repeint tous les bateaux.

On trouvait ça plus beau…

 

(petit clin d’oeil à Réjane qui était de cette toile-là et passe par ici, parfois, sans faire de bruit, à petits pas… ) 

APicADay – La Mer et les Rabbits (et les bateaux aussi)

Là où j’habite, y’a des mini rabbits.

C’est comme des lapins, mais ceux-là sont petits, tout petits, et magiques.

Du matin au soir, ils s’affairent, entre terre, ciel et mer, pour changer le paysage,

comme des machinistes au théâtre changent les décors.

Sur la mer, ils s’en donnent à coeur joie,

un coup un bateau comme ci, un coup un bateau comme ça,

Cargos, paquebots, ferries et bateaux de croisière,

Canots, voiliers, chaluts ou pétroliers,

ça dépend de leur humeur.

Du coup, aller à la plage, c’est aller au théâtre,

en ne sachant jamais quelle pièce on va y jouer…

 

(et puis, à terre, ils font la nique à la superstition qui dit :

« sur un bateau, on ne prononce pas le mot « rabbit » !)

 

Au fil de l’eau, de l’onde amère

Dis-moi 10 mots. Cette année, c’était au fil de l’eau que nous invitait le Ministère de la Culture. Un défi d’écriture et 10 mots à caser. Tout ça, c’était il y a longtemps, c’était au temps ‘d’avant’, d’avant que le temps et le reste ne nous échappent et que l’on ait à tout réinventer… 

Cette année, j’ai participé. J’ai envoyé deux textes, un léger (publication précédente), l’autre  beaucoup moins (publié ici). Et j’ai appris hier que ce texte-ci avait été sélectionné et avait obtenu le premier prix de la catégorie adulte  à la bibliothèque de ma ville. 

Les 10 mots à utiliser : aquarelle (nom) à vau-l’eau (adv.) engloutir (v.) fluide (adj.) mangrove (nom) oasis (nom) ondée (nom) plouf (interj.) ruisseler (v.) spitant (adj.)

Et mon 2è texte, celui qui dit mieux je crois  : 

 

Ils cherchaient un endroit pour les accueillir, un morceau de terre comme une oasis, un lieu pour poser le fardeau de leur vie et en faire une chance. Ils ont pris la mer dans des bateaux amochés, trop chargés, ou trop petits, c’est selon… Ils en ont essuyé, des ondées, des orages, des vagues, des déferlements ramenant à la petitesse de l’humain face aux éléments. Leur malheur devenu fluide, liquide, ruisselait de partout. Quand le ciel était noir de nuages, quand la nuit enveloppait les nues, la mer, et les humains, dans un même drap obscur, les seules étoiles visibles étaient celles qui brillaient dans les yeux des enfants, des femmes, et des hommes qui y croyaient encore. Des étoiles en forme de lueurs d’espoir.

Jusqu’à la vague de trop, l’averse de trop, et le moment fatal où tout part à vau-l’eau et où les êtres glissent vers les profondeurs marines qui les engloutissent froidement. Et quand les ‘plouf’, les ‘splash’, les pleurs et les cris finissent par se taire, c’est que le grand drap obscur est devenu linceul.

 

 

À celles et ceux qui ont tenté leur chance mais à qui la chance n’a pas tendu la main…

Voiles en Ligne

 

Il y a des jours en bleu ici, ocre là, où l’on parvient à oublier

Oublier la misère d’un monde qui se délite sous l’effet de trop de liquidités ou d’actifs,

La tristesse qu’il construit dans son oubli d’hier et son absence d’à venir.

Il y a des jours où c’est pas difficile de laisser ça derrière,

Pourvu que l’on fasse face à la ligne d’horizon, qu’on ait en ligne de mire les bateaux à venir, et ceux qui partent au loin,

Pourvu qu’on pose sur leurs ponts nos rêves et nos espoirs, pour qu’ils partent prendre l’air, se secouent sur les vagues, s’embrouillent les embruns.

Qu’ils nous reviennent, tout ragaillardis, gorgés de soleil, d’idées, unis à d’autres rêves en fiançailles,

Et qu’ils nous racontent leur voyage…

 

Il y a des jours où dans ce monde qui se délite, on se délecte de n’être qu’une goutte d’eau, promise à la mer…

Et devant le show des flots, on se surprend à être heureux…