Un calendrier de l’Avent en forme de Haïku, un haïku par jour jusqu’au 24 décembre, à écrire ou au moins essayer, en utilisant un mot ou un thème imposé.
Sur le thème «CRÊCHE« 17 décembre
vitrines de Naples les Rois Mages font une escale en Italie
C’est un pont sur l’Arno, un vieux pont, comme une rue bordée de boutiques, grouillante et bruyante du levant au couchant. Autrefois le fleuve était rouge du sang versé par les bouchers qui travaillaient là, dans leurs minuscules échoppes. Aujourd’hui, c’est d’or que le fleuve est teinté, les bijoutiers ont pris la relève, les bijoux s’étalent en vitrine.
Florence vue d’en haut, du dome du Duomo. (Photo argentique numérisée)
J’ai, de mon arrivée à Florence, un souvenir très particulier.
J’ai voyagé en train, de nuit, entre sommeil et rêverie éveillée, et je suis arrivée très tôt le matin… Alors… Quitter la gare à pied, parce que l’hôtel parait tout près, et découvrir une ville à la beauté renversante qui se réveille à peine. Les volets métalliques des échoppes grincent sous les tours de manivelles qu’on actionne pour les lever, les trottoirs sont lavés à grande eau, le soleil, gourmand, commence à lécher la peau. L’étalage hétéroclite des articles à vendre ici et là écarquille les yeux. La ville est comme un grand orchestre où se mêlent les murmures, et les cris, les cliquetis des grilles et les pétarades de Vespa, de la musique tonique et l’amour en chanson, ici on prie, on parle fort, c’est le bazar, surement que le chef d’orchestre dort encore. Et c’est tant mieux. Effectivement, l’hôtel était assez proche et j’y arrive sans avoir vu le temps passer. Je suis émerveillée à l’idée de ce que j’ai à découvrir, et j’ai le coeur qui chante.
Prendre une douche, se changer, et partir à la conquête de la ville… C’est beau, Florence, au réveil…
Difficile d’entendre la chanson de l’eau à la fontaine de Trévi, tant le brouhaha est intense. Pourtant, en se concentrant bien, on y parvient, et l’on finit par retrouver les accents d’une Dolce Vita et par entendre aussi les voix de Marcello Mastroianni et d’Anita Ekberg,
Impossible de flâner à Rome sans passer par là, et sans être impressionné par cette impressionnante fontaine aux allures de temple. Alors quand une mouette se pose sur un morceau d’Histoire, entre les tritons et Neptune, indifférente à l’agitation ambiante, Trévi devient très vite source de sourires…
C’était l’année dernière, juste avant le marasme. Le Duomo se donnait à tous les yeux du monde, la place était pleine de langues étrangères, et l’air était léger…
Quelques volées de marches à monter pour atteindre les sommets, là où le rouge est mis, et l’or aussi.
Brouhaha feutré, photos prises à la dérobée, crépitements, bavardage des habitués… Pour certains La Scala est une extension de leur demeure, ils y ont des loges à demeure…
L’éclat des bijoux fait écho à l’éclat du cristal qui pampille les lustres. Les yeux écarquillés, je goute l’atmosphère, j’imprime les images dans la carte mémoire de mon cerveau en ébullition.
La Scala de Milan ! Comme un désir qui s’étoile en teinte réalité. Comme un rideau qui se lève sur un rêve. Comme un bonheur partagé.
Manon Lescaut, de Puccini. J’ignore encore que je connais déjà, j’ignore encore que les airs me seront familiers, parce que je les ai déjà écoutés, appréciés, en d’autres lieux et d’autres heures… J’ai une culture opéresque pas du tout dantesque, plutôt éthérée, voire complètement évaporée. Et pourtant, les belles voix me chavirent toujours, et les chœurs me font frissonner…
Quand le rideau se lève, que la salle s’obscurcit, je retiens mon souffle. Très vite, je me laisse embarquer dans cette histoire de femme, histoire triste comme le sont souvent les histoires de femmes écrites par les hommes.
Je ne quitte pas ma place pendant l’entracte, j’ai encore des ors et du velours à explorer, l’air des Airs à respirer, et je n’ai pas envie de diluer les larmes de Manon dans quelque verre que ce soit.
Lorsque l’orchestre rejoint la fosse, que le rideau à nouveau se lève, je repars en voyage avec l’amour en bandoulière, un amour en grande difficulté.
Quelle n’est pas ma surprise de constater que c’est au Havre que Manon me ramène « All Le Havre is asleep. The time has come ! » Cela m’accroche un sourire, je m’enorgueillis de savoir que même Puccini connaissait ma ville !
Standing ovation quand l’opéra se termine, j’applaudis à tout rompre, je viens de vivre un moment d’une belle intensité, je viens de réaliser un rêve…
(La Scala de Milan, le 16 avril 2019)
Bien sur, ce n’est pas La Callas que j’ai entendue, mais c’est bel et bien un des airs de Manon Lescaut qui est ici chanté…
C’était mercredi, c’était le premier jour, ça sentait l’Italie, le soleil, il y avait dans l’air comme un grain de folie…
Et Vinicio Caposella…
Un peu plus tard dans la soirée, alors que le soleil avait crispé ses orteils aux fins fonds de la terre, et que l’atmosphère s’en était passablement rafraichie, Lalala Napoli est venu nous réchauffer au son de ses accordéons, violon et autre flute…
La soirée fut haute en couleurs, forte en gueules et en caractères… C’était la première, et c’était très bien….