Couché là, tu dors,
À ton chevet, des fleurs,
Et le blanc de la stèle,
Et le vert du gazon,
Et toutes ces croix,
Signes de multiplications
Nés de la division.
Vous êtes tant ici,
Tant de corps étendus
Dans ce dortoir immense
Où le sommeil dure
Toute une éternité.
.
Dans le champ à coté,
Les blés furent fauchés,
Comme le furent vos vies.
Et la plaine souffre
Balayée par ces vents,
Qui aspirèrent vos souffles,
Pour les expirer là,
En soupirs lancinants.
Autant de plaintes muettes
Qui crèvent le silence
En résonnant sans trêve
Dans nos cœurs et nos têtes.
.
Et la peine. La peine
Pour cette vie trop courte
Et ce chagrin trop grand
Car ni le frère ni le fils
N’ont eu assez de temps
Pour tracer leur chemin
En choisir les couleurs
Épouser un bonheur,
Et saisir une chance.
Tant de destins broyés
Un jour pourri,
Un jour pour rien.
.
Pour quelques armes à vendre,
Des egos à défendre,
On déclenche des conflits
Dévaste des pays
Parce qu’on veut faire savoir
Qui a la plus grosse
Et qui pisse le plus loin.
Tant de sang versé froidement
Par des hommes calfeutrés
Dans des bureaux blindés
Loin du front, des batailles,
Et de l’effroi qui tenaille.
(à tous ces soldats qui périssent, loin de chez eux, héros bien malgré eux…)