Aujourd’hui et Hier

Aujourd’hui,

Ciel gris

Cordes liquides,

Douches froides

Il pleut des chats et des chiens,

Comme diraient nos voisins.

Aujourd’hui,

Chats couchés,

Pelotes soyeuses

Enroulées au fil des coussins,

Tête dans les pattes, bien cachée.

Le temps n’est pas à mouiller la vibrisse.

Aujourd’hui,

Moral en berne,

Muguet rouillé, Lilas mouillé

Se souvenir que l’été était dans le printemps d’hier,

Le prier de revenir,

Se rappeler à son bon souvenir,

Aujourd’hui,

J’invite en ma mémoire

Les rayons chauds récents,

Le sable sur mes pieds,

Et les reflets de la ville,

Inondée de soleil,

 

Aujourd’hui,

Je vais faire mine d’oublier la pluie…

Voiles en Ligne

 

Il y a des jours en bleu ici, ocre là, où l’on parvient à oublier

Oublier la misère d’un monde qui se délite sous l’effet de trop de liquidités ou d’actifs,

La tristesse qu’il construit dans son oubli d’hier et son absence d’à venir.

Il y a des jours où c’est pas difficile de laisser ça derrière,

Pourvu que l’on fasse face à la ligne d’horizon, qu’on ait en ligne de mire les bateaux à venir, et ceux qui partent au loin,

Pourvu qu’on pose sur leurs ponts nos rêves et nos espoirs, pour qu’ils partent prendre l’air, se secouent sur les vagues, s’embrouillent les embruns.

Qu’ils nous reviennent, tout ragaillardis, gorgés de soleil, d’idées, unis à d’autres rêves en fiançailles,

Et qu’ils nous racontent leur voyage…

 

Il y a des jours où dans ce monde qui se délite, on se délecte de n’être qu’une goutte d’eau, promise à la mer…

Et devant le show des flots, on se surprend à être heureux…

 

 

Dimanche d’Avril

C’est comme ça, tu vois, c’est un dimanche d’avril, un dimanche qui dégage enfin  une odeur de printemps. Le sol attrape un petit peu de la chaleur du soleil, et le ciel arbore son plus beau bleu, avec juste, ça et là, un nuage de lait, en pointillés…

Et nous, on pointe le nez dehors, parce qu’on veut notre dose, tu vois ? On en veut un peu de ce printemps-là, aussi fugace soit-il. Ce qui est pris n’est plus à prendre, et partager ce plaisir-là ne le divisera pas.

C’est là, tu vois, c’est tout de suite et c’est maintenant. Faut apprécier, profiter, jouir de la beauté du moment, parce que déjà, sur la mer, les nuages s’accumulent en une masse gigantesque.

L’horizon a tenté de faire barrage un peu, histoire qu’on ait un peu de bon temps. Mais il est bien fragile, l’horizon, au regard des monstrueuses forces nuageuses. Ça obéit pas, un nuage, ça n’en fait qu’à sa tête. Et si ça veut percer, ça perce, et ça déverse, averse.

 

On prend les couleurs du jour en plein, l’émeraude des pelouses, les cabanes bayadères, et puis le bleu vert argenté de l’eau, et le gris clair de l’asphalte, et le foncé du ciel, et l’or clair du sable, et puis…

Et puis c’est beau…

Le ciel menace plus fort, il pose un ultimatum, tu rentres maintenant les pieds au sec, ou bien t’assumes les ruisseaux dans les chaussures…

Je rentre, j’ai écarquillé mes yeux assez pour y faire entrer ce morceau de printemps. Je reviendrai demain, et puis les jours d’après, et je construirai une saison. Entière. Belle. Et douce…

Palabres en Noir et Blanc

Je ne sais pas d’où elles viennent, ni pourquoi elles sont là. Peut-être à cause de, ou grâce à, la nouvelle recette gras et graines que je concocte pour les oiseaux du jardin.

Je ne sais pas d’où elles viennent, les pies, je n’en voyais jamais avant, mais ces dernières semaines, elles ont pris leur quartier de printemps dans mon jardin.

Et elles jacassent.

Et elles ont de l’audace.

Ce soir, comme hier, alors que Bingo, Royal de Gouttière noir et blanc, était en délégation dans le pommier, une d’entre elles est venue le narguer, lui chercher querelle, tenter de l’intimider.

Elle se croit supérieure, perchée sur une haute branche. Elle l’invective, le sermonne, lui fatigue les oreilles.

Et les miennes aussi.

Hier il a failli prêter allégeance, dos tout arrondi, museau rose baissé. Il n’était pas prêt à l’attaque, elle a profité de l’effet de surprise.

Ce soir, il en fut autrement.

L’effet surprise n’a pas fonctionné.

Et puis j’ai rappelé à Shah que, si elle avait des ailes, elle n’avait que deux pattes, nous quatre. Et puis nous, on a des dents, elle non. J’ai bien vu que le coaching fonctionnait, Bingo a redressé la tête et la pie s’est envolée.

Non mais !!