Parce que j’ai de bonnes manières,
Ainsi qu’un bon esprit pratique,
Si vous voulez bien, je suggère
Des œuvres d’utilité publique…
Puisque nous sommes tous, un jour ou l’autre, confrontés à la ‘chose’, tentons de rendre la ‘chose’ utile…
Perdons ! Perdons… Oui mais…
Perdons…
… Nos gants, nos boucles d’oreilles, voire nos chaussures, ou nos chaussettes, mais perdons bien. Perdons les deux au même endroit. Pensons à l’heureux trouveur, la demi-paire ne sert à rien, il lui faut les deux ! Faisons preuve d’un peu de bonne volonté, et apprenons à bien compter….

Perdons…
…Nos clés, mais fixées sur un porte-clés où figure notre adresse ou l’immatriculation de la voiture. Nous ne pourrons plus rentrer chez nous, même à pied, alors ayons la générosité de laisser quelqu’un d’autre y faire son nid douillet.
Perdons…
… Notre carte bancaire, le code secret soigneusement gravé au dos, nul doute que cela fera des heureux. Et le bonheur des autres est parfois contagieux, nous nous en rendrons compte, et nos comptes aussi. Le rouge est une belle couleur…
Perdons…
… Pied au Royaume Uni, ou dans le tunnel sous la Manche. Imposons le système métrique, quitte à garder le foot-ball, il y a tant d’amateurs… Où perdre un pied de nez ? Au milieu de la figure. Quant au pied à coulisse, les coulisses s’imposent. Ainsi les choses seront bien rangées…
Perdons…
…La mémoire dans les trous noirs d’un amnésique, offrons-lui des souvenirs, une vie par procuration. Ou bien… perdons-la aux anniversaires, pour les oublieux, ou près de chez la boulangère, pour rappeler d’acheter du pain… Installons quelques mégas en barrettes, de la mémoire dans d’autres têtes, de la puissance dans le disque dur, et contribuons ainsi à la mémoire collective….
Perdons…
… Du poids, pourquoi pas ? Mais alors en Grèce, les banques ont besoin qu’on les engraisse, après avoir bien dégraisser leur mammouth… Ailleurs aussi, d’ailleurs, on trouvera, le choix ne manquera pas…. Une crise comme une insolence, c’est à y perdre son latin, et son grec, ses racines et celles de la Démocratie…
Perdons…
… La foi, mais perdons la mauvaise, et une bonne fois pour toutes. Si cette émotion négative rencontre celle du trouveur, ces deux moins feront un plus, c’est mathématique. Alors nous nous bonifierons, les uns et les autres. Le phénomène peut se répandre comme de la poudre, et nous ferons alors un monde meilleur, en toute bonne foi.
Perdons…
… Notre sang froid en pleine canicule, soyons rafraichissants. Ou bien auprès d’esprits qui s’échauffent pour leur éviter une surchauffe et un court-circuit. Le sang froid s’adapte bien si on le prend à chaud. Alors refroidissons les sanguins, et faisons-le vite, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud.
Perdons…
… Nos illusions, si on en a encore. Mais, là, allons tout de même voir, d’abord, au guichet des illusions perdues. Nous y trouverons peut-être quelques ‘vérités’… Sinon, visons un meeting politique. Nul doute qu’un prétendant au trône sera ravi de les transformer en poudre aux yeux, pour donner l’illusion…
Perdons…
… Notre temps ou notre argent n’importe où ! Ouf, quel vent de liberté ! Tout le monde manque de l’un ou de l’autre, souvent les deux, alors le veinard sera ravi ! Et cela quel qu’en soit le lieu. N’est-ce pas merveilleux de contribuer à rendre les gens heureux ?
Perdons…
… La tête, mais légère, et à corps perdu, avec un amoureux, en tête-à-tête. C’est qu’on en a trouvé un, donc on n’a rien perdu. Et perdre la boule pour un esprit carré n’a rien d’irrationnel, c’est parfois bon sur toute la ligne…
Perdons…
…. La raison au profit du plus fort, on dit que c’est toujours la meilleure, c’est la raison d’état, ça fait une bonne raison. Mais veillons à ne pas perdre les raisons de la colère, et si nous perdons une bataille, ne perdons pas la guerre. Il y a tant de raisons de lever le poing encore…
Perdons…
… Le Nord, au profit du Sud, apportons de l’air frais et puis un renouveau là où le soleil brule, trop. Pour qu’un jour l’autre ‘hémisfrère’ porte les grains de joie et l’eau de vie. L’Occident, s’oxydant de tant d’eau gaspillée, cœur rouillé et complètement à l’Ouest, croit parfois encore qu’il n’y a ‘à l’est, rien de nouveau’.
Cela nous consolerait, nous les loosers d’un moment d’égarement, de penser à l’heureux glaneur d’un jour de chance. Il suffit juste d’y mettre un peu de bonne volonté pour perdre vraiment utile…
Enfin… Perdons… Perdons… Perdons…
Mais vous perdez votre temps à me lire, probablement,
Pardon.

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