Bord de mer, quatre stations pour une promenade

(atelier d’écriture du 23 mars 2024 : « imaginer une promenade en quatre étapes et les raconter comme autant de petits tableaux »)

I

Extrémité de l’Avenue Foch

Un soir d’été, à 18 heures. Extrémité de l’Avenue Foch.

Le soleil cogne sur les façades, dilution rose sur béton gris.

Les figures géométriques se font écho tandis qu’un chat dort dans un angle mort.

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II

19 heures, entre la mer et les restaurants cabanes.

Étrange mélange de senteurs.

Le vent apporte son pesant d’iode et d’embruns avant d’aller s’encanailler dans les baraques à frites.

Mais comment peindre le vent ?

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III

Marcher sur l’eau ou presque

19h30. L’estacade.

Marcher sur l’eau, ou presque.

L’estacade se dresse entre la plage et l’eau.

Sur le ponton de bois les badauds, nez au vent, tête en l’air, se découpent en silhouettes.

C’est beau. C’est bleu. Et le ciel peut bien attendre.

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IV

‘Le bout du monde’

20 heures. Le ‘Bout du Monde’. (1)

Au-delà il n’y a rien, parce qu’ici c’est le bout du monde.

Au-dessus, les falaises, comme un abri ou une menace.

Aux pieds, les galets et leurs roulis incessants.

Devant… devant c’est la mer, l’immensité, l’appel au loin, l’appel du large…

 

(1) Le ‘Bout du Monde’ : c’est ainsi que l’on nomme, ici, l’endroit où s’arrête la plage praticable et son chemin de promenade.

Marée descendante

C’était le 11 octobre, il y a quelques jours seulement. L’été s’attardait et la mer restait une invitation alléchante. Les pieds appréciaient le doux mouvement de la marée et du sable.

Et pourtant, à quelques encablures, la situation était visiblement dramatique.

En effet…

 

Voici tout ce qu’il en restait après coup…

Y-a-t-il beaucoup de bonhommes en sucre qui disparaissent ainsi ? Est-ce qu’un jour la mer sera sucrée et non plus salée ? Je me demande…

(photos moches prises avec mon téléphone… )

 

Je vole du temps

Dans cet automne à l’air d’été,

Et cette rentrée si étrange,

Toute en méfiance masquée,

Je vole du temps

Au tracas,

A la tristesse et aux demains sombres,

Et je m’évade.

Je m’offre des mini-vacances,

Le temps d’un jour,

En ailleurs proches

Ou même chez moi,

Parce que le voyage

C’est parfois, souvent,

Un simple changement de regard.

J’enfile des sandalettes,

Du lin et du coton,

Je prolonge mon été,

Et prends quelques acomptes

Sur le bonheur.

L’autre samedi à Pont L’Évêque,

Celui-ci à Honfleur,

Honfleur. Ville d’eau,

Pas en termes de thermes, non

Mais de lavoirs et d’abreuvoirs

De bassins et de mer,

De fleuve et de rivières

De ponts et d’estuaire.

Joli petit port de carte postale.

Les bâtisses qui, comme des cartes à jouer,

Se dédoublent en reflets,

Une façade sur la terre ferme,

L’autre plongée dans l’eau,

Qui frissonne et tremblote,

Au gré du vent.

Brise ou bise qui joue aussi

De la musique

Dans les mâts et les voiles,

Des bateaux chamarrés

Amarrés aux quais.

Ce samedi,

C’était vacances, donc

Comme une avance sur le bonheur,

Parce que la vie, c’est maintenant,

Et que demain… ?

On verra bien…

 

Si vous voulez écouter la version audio, cliquez ici :

 

 

APicADay – Géométrie portuaire 2

C’est ‘carré’ un port, enfin … je veux dire… c’est ‘tiré au cordeau’.

C’est des droites, horizontales, verticales, obliques, mais droites, oui.

Tandis que le ciel et la mer, eux, aiment les rondeurs,

rondeurs des nuages et des vagues,

volutes de cumulonimbus et d’écume,

crêtes arabesques et stratus effilochés…

Le ciel et la mer, complices depuis la nuit des temps,

se répondent en fantaisie irrégulières

que le port, lui, essaie de dompter…

APicADay – Déplacement de regard

Au pastel du ciel et au coton des nuageons répond le vert métallique de la mer

le vent fait claquer les mâts et l’écho répond en cliquetis qui se répètent à l’envie

la lumière argentée purifie l’atmosphère et fait vibrer les couleurs.

Embrasser la ville de la digue, c’est déplacer le regard

et s’imaginer être, le temps d’un temps, debout sur le pont d’un bateau

déjà au large, déjà en partance…

 

 

APicADay – Le Flou, Gemme

Alors parfois on bouge, on fait un pas de coté, et les bateaux, les bassins, les lumières et leurs reflets se mettent à bouger aussi, à vibrer d’un autre éclat. Alors on quitte le port, un peu, pour s’émerveiller devant la vitrine d’un joaillier…

Le flou a du bon parfois  quand il transforme les lumières en gemmes et les navires en colliers…

APicADay – Sardines Marines

Est-ce un banc de sirènes ou un banc de sardines accroché là au ponton…?

Est-on obligé de manger du poisson ?

Je me pose la question.

Moi, le poisson, je n’aime pas,

Doit-on me blâmer pour ça ?

Il me semble bien que non.

D’autant que le poisson, c’est toxique

vu qu’il est farci au plastique,

au coton-tiges et au polystyrène.

Et puis, il y a des sirènes,

qui n’ont pas grandi assez vite

et sont restées des sardines.

Sérieusement, qui aurait envie de manger des sirènes ?

Dans le doute, je m’abstiens donc…

APicADay – Et Dieppe en Falaises..

Dieppe en falaises

Alors on prend le vent en face, et les embruns aux yeux,

et l’on s’étonne un peu que les mouettes en passant aient fait un si gros trou dans la couverture de nuages.

Les falaises impassibles accueillent le ressac avec la force tranquille d’un mur de calcaire.

Ici tout est mer, éther et terre.

Et lumière…

 

APicADay – Goodbye la côte

La côte mettait les voiles,

moi je prenais le ferry-boat,

la mer se faisait mousser

à grand renfort de rampe

d’embarquement,

quelle trainée !

Je battais pavillon Viking,

écumais la Manche

à la conquête de la Perfide Albion,

je n’allais pas refaire Hastings, non,

mais dévaliser les boutiques de thé,

avec beaucoup de fermeté,

ça, c’était assuré.

« How can I help you?’

« I’d like a cup of tea, please ».