A Bergues, Vauban a fait les fortifications,
Et la Nature a tout peint en vert…
Je t’ai vu aujourd’hui, à Berck Plage. Tu étais avec une femme plus âgée que toi. Tu avais vieilli toi aussi, un peu. Mais j’ai reconnu ce même menton volontaire, et toujours l’élégance.
Je t’ai vu aujourd’hui, à Berck Plage.
Et puis non, ce n’était pas toi.
Je te vois souvent, tu sais ? Je te reconnais, de face ou de profil, le sourire, une mimique, ou un éclat de rire.
Je te vois. Dans des concerts, des festivals, des bars, des magasins… Ou dans la rue, tout simplement.
Alors je m’arrête, te regarde. M’apprête à te héler, à te dire bonjour, à discuter avec toi…
Et ma mémoire me rappelle.
Mais non
Ce n’est pas toi.
Ce ne sera plus jamais toi. Ici.
Ça fait un an, deux mois et quelques jours que tu as pris la clé des champs, un aller sans retour. Un voyage vers des cieux plus cléments. Une autre liberté…
Et je te cherche toujours,
Mon très cher frère
31 juillet 2018
Jumièges, histoire de sillonner les méandres de la Seine, d’en adopter les boucles, de prendre un grand bol d’air, et de contenter le regard.
J’avais engrangé en mémoire des pierres plus sombres, plus moussues, envahies par le lierre, dévorées par le vert, servies à la table de la végétation qui semblait se régaler des restes de cette abbaye. Si ma mémoire était relativement fiable, le temps et la belle volonté avaient œuvré pour redonner d’autres couleurs à la Belle.
Splendeur d’architecture que les révolutionnaires ne goutèrent guère, elle fit alors carrière en tant que carrière. Les pierres en furent démontées une à une, pour servir d’autres causes que les lois divines. Et les années, les siècles, aggravèrent les outrages, les édifices tombèrent en ruines…
Mais quelles ruines !!
C’est finalement en devenant athée que l’abbaye gagna le ciel. Il est partout, partout visible, où que se posent les yeux. Et il dessine avec grâce toutes les lignes des édifices, toutes leurs ouvertures. Dans la chaleur quasi caniculaire de ce jour de l’extrême juillet, il nous fit l’aumône de quelques coups de brise, et le don magnifique d’une flopée de nuages de formes et de couleurs diverses. Parfois la noirceur d’un cumulo-nimbus semblait menacer de tempête ou d’orage. Simple menace, le jour fut aussi sec que les jardins à la française devant la maison des abbés…
Il n’empêche…
Je me suis perdue en rêveries et en émerveillement au milieu de ces ruines… Oh, la belle journée…