On f’rait mine…
Que j’serais une princesse,
Je m’appellerais Dolores,
J’habiterais dans le donjon
D’un château de sable,
Un château en Espagne.
À mes pieds, des milliers,
De Princes Charmants, de soupirants,
Non visibles sur mes selfishs
Postés sur instagram, snapchat et twitter
Parce que mon smartphone
N’a pas de fonction ‘grand angle’
Mais crois-moi, oui, quand je te dis
Ma vie en tchat, derrière l’écran
Ma vie de rêve et mes licornes…
Tout est réel, j’t’assure.
Let’s pretend…
On f’rait mine…
Que j’serais immensément riche,
J’aurais, dans les poches, plein d’artiche,
Pour faire du shopping de luxe
Et mes fringues, ah non, sans façon,
Ne seraient pas des contrefaçons
Achetées sur le marché de Barbès
Ou dans le souk de Marrakech.
Ce s’rait du vrai, pas du fake
Et le DG sur ma ceinture
Ne s’rait pas pour Dingo et Gaga
Mais bien pour Dolce et Gabbana
Ma valise serait une Vuitton
Même si c’est une valise en carton,
Et l’gros lézard sur mon polo,
Pleurerait pas des larmes de croco
Let’s pretend…
On f’rait mine,
Que j’serais Johnny, Eddy ou Cloclo,
Que quand tu retiens la nuit,
Alexandra, Alexandrie,
Tes yeux sont couleur menthe à l’eau.
J’ai adopté tes sapes, ton look, tes paillettes,
Mes cheveux sont coiffés comme les tiens
J’ai mis de ta voix dans ma voix
Je bouge comme toi,
Je fais tes mimiques.
Et je milite sans limite
Pour le droit à l’imitation
Peut-être qu’un jour,
Je f’rais mieux que toi
Et si l’élève dépasse le maître,
Est-ce que l’élève devient un traitre ?
Let’s pretend…
Allez, stop, on ne fait plus mine,
D’être ce que l’on n’est pas,
Être soi, c’est déjà ça,
C’est déjà énorme même.
Prenons la vie sans les filtres,
Sans chichi ni tralala,
Sans fard ni falbala
Ouvrons nos yeux sur le monde,
Tel qu’il est à l’origine,
Sans luxe, sans leurres, sans marques,
Et on y trouvera notre place,
Pour s’en faire un nid,
Et y vivre heureux,
Essayons au moins, allez chiche ?!
Être toi moi nous, simplement,
Apprendre à s’aimer ainsi
Let’s not pretend any more…