HaïkuChat

Des Haïkus Chat, parce que c’est comme chat !

 

 

Pour la petite histoire, avant d’arriver à la maison Providence vivait chez un marin-pêcheur qui l’emmenait à la pêche sur son bateau, avant de prendre lui-même une autre embarcation pour une autre rive du monde.

Providence fut donc une mini-navigatrice et il me plait de l’imaginer à l’avant du bateau, figure de proue d’un autre genre…

 

 

APicADay – Bingo à la carafe et au verre d’eau

Je lui ai dit ‘Allonge-toi là près du verre d’eau et de la carafe pour que je puisse prendre une photo, genre ‘belle composition ». Il l’a fait, ce chat extraordinaire.

En fait, non, il était là, n’avait pas le droit de s’étaler sur la table mais ne s’en privait guère.

Alors j’ai fait le job, clic clac pour garder des preuves de ses méfaits…

Mais c’était quant même un chat extraordinaire, oui !

Bingo – 2002 – 2020

 

Hey, dis-moi le Chat…

Bingo 2002 – 2020 Royal de Gouttière, inspirateur de mots…

Je voudrais savoir, le Chat…

Où tu vas quand tu pars le soir, dans la nuit glacée,

Délaissant ainsi cheminée, coussins, câlins, canapés…

À quoi occupes-tu ces longues heures d’absence ?

Sur quelles nouvelles toitures te mènent tes errances ?

C’est quoi la froidure et la chaleur pour toi ?

Est-ce qu’elles ne te font ni chaud ni froid ?

*

Dis-moi, le Chat…

D’où sors-tu que c’est moi qui fais l’ondée ?

Celle que tu me reproches, miaulements courroucés.

Je ne fais ni la pluie ni le beau temps, voyons !

Je n’ai pas le pouvoir d’orchestrer les saisons.

Ça fait quoi, l’eau qui tombe sur tes poils de soie ?

Pourquoi tu passes autant de temps dessous, parfois ?

*

Explique-moi, le Chat …

À quoi tu penses quand, perché sur le muret,

Silhouette sur fond de lune, tête légèrement penchée,

tu zieutes vers le ciel ce que je ne sais voir.

À quelle constellation racontes-tu des histoires ?

Fais-tu la cour aux étoiles du Poisson ?

Ou bien observes-tu le vol d’un papillon ?

*

Raconte-moi, le Chat …

Comment tu fais pour monter tes jouets à l’étage ?

J’aimerais bien voir ta tête, je souris à l’image.

Est-ce que ton esprit prête vie aux souris toc,

Que chaque nuit, dans la salle de bain, tu emportes ?

Dans quelles batailles furieuses retournes-tu les tapis ?

Es-tu toujours vainqueur de ces luttes sans merci ?

*

Avoue-moi, le Chat …

Comment tu me perçois, moi, soucieuse de ta liberté,

Que tu observes parfois, à travers la surface vitrée,

Moi enfermée, et toi dehors, libre et léger comme l’air

Suis-je comme un poisson dans un bocal en verre ?

Une drôle de bestiole aux gestes étonnants ?

Allez, dis-moi, suis-je un spectacle réjouissant ?

*

J’aimerais comprendre, le Chat…

Ce que je suis pour toi.

Je ne suis pas ton ‘maître’, non,

Les chats n’en ont pas,

Suis-je un animal utile,

Auquel tu tiens compagnie ?

Ou bien suis-je ton tendre chaton ?

*

Je te vois, le Chat…

Tu me regardes, de tes grands yeux curieux,

Tu me comprends peut-être, ou pas, ou juste un peu.

Mais il est clair que, de toute façon,

Tu ne répondras pas à toutes mes questions,

Parce qu’on le sait, si les chats pouvaient parler…

ils ne parleraient pas !

 

(Pour la version audio, cliquez sur le mot, ici )

 

Ce texte a été initialement publié en 2014, et très légèrement modifié aujourd’hui. J’ai eu envie de le republier en hommage à ce cher chat qui a fait un joli bout de chemin avec moi. 18 ans, c’est pas rien…) 

Au magasin

Je regarde, j’examine, je lis les étiquettes. Nez en l’air, bras itou, je fouille les étagères du haut, en quête d’autres pistes, d’autres trésors. Ce n’est pas simple de choisir, je ne suis jamais certaine que ça va faire plaisir. Ce n’est pas faute d’essayer, faute d’y mettre du cœur mais, même quand on croit connaître les gouts, on peut faire des erreurs.

Et des erreurs, j’en fais.

Il faut dire que les gouts changent au fil des années, des mois, des jours… voire des heures. Il faut dire aussi qu’il est un peu capricieux.

Alors les actes les plus simples tournent parfois au casse-tête, et moi j’en perds la mienne, de tête…

Un pas sur le coté, je continue l’exploration, et soudain mes mains frissonnent d’émotion. Je viens de tomber en admiration devant le bleu clair d’une belle boite en carton recyclé et recyclable. Voilà, c’est ça que je cherchais, cette marque-là, mais j’ignorais l’existence de ces coffrets dégustation. Six portions, trois saveurs, cela fera surement son bonheur. La liste des ingrédients affiche des produits sains et un bel équilibre, une éthique honorable, un commerce équitable, un souci du prochain.

Je suis si heureuse que je ne prends pas une boite, mais deux.

Et c’est les mains pleines, le pied et le cœur légers que, de quelques entrechats, je quitte le rayon des aliments pour chats…

Avec ce regard-là, je ne résiste pas…

Là aussi, je suis démunie…

Que voulez-vous que j’y fasse ? Je cède…

Si la photo est moche, la scène, elle, est jolie, Bingo boit dans ma main

(Eh bien, finalement, ces petites bouchées qu’il a tant aimées, il ne les aime plus, plus trop… ) 

 

Bingo, bricoleur du soir

J’étais en train de bricoler

Lui aussi

On le voit bien, il tient la planche qui me sert à enfoncer des clous

Heureusement qu’il est là pour m’aider…

(il a l’air bien concentré, non ? Moi, évidemment, j’ai du m’arrêter, je n’ai pas pris le risque de donner un coup de marteau sur de si jolies petites pattes…  ) 

Pattes de chat et Chat sur tablette de bois, ton sur ton…

 

Bingo Royal de Gouttière

Ce sont d’abord des cris que j’entends. Miaulements aigus en forme de reproches exprimés d’une voix pointue. Puis apparaissent les triangles. Deux noirs doublés de rose pour les oreilles, un blanc et noir pour la tête, et un minuscule et tout rose pour le museau. Tout autour, des pattes et un petit corps chétif. À l’autre extrémité, une longue queue noire ébouriffée et décorée de toiles d’araignée.

20 juin 2002. Il fait grand soleil dehors, l’été est pour demain. Mais moi j’ai le cœur en hiver et l’obscurité à l’intérieur. Hier, nous avons dit adieu à mon père. Ça fait huit jours qu’il a fait ses bagages pour d’autres rivages, un grand voyage dont il ne reviendra jamais. Mon père, un pilier qui vient de s’effondrer. Et moi avec.

Du coup, cette petite vie qui s’est cachée dans une dépendance de la maison de mes parents, je la cueille comme un cadeau. Mon père aurait adopté ce petit chat, je le sais. Et moi je vais en prendre soin. Je le ramène donc chez moi. Mais chez moi, c’est un appartement, au cinquième étage, sans balcon. Adopter Sieur Chaton, c’est lui donner de l’amour, des soins, à manger, subvenir à ces besoins mais… c’est le priver de liberté. Et l’idée m’est très difficile.

Alors j’en propose l’adoption à un couple d’amis qui a une très grande maison, un grand jardin, une multitude de coussins, des canapés, des lits, et des genoux accueillants, et des mains caressantes. Et surtout, cette maison offre la liberté via une chatière. C’est là qu’il sera nommé Bingo. Et moi je continue à le voir plusieurs fois par semaine.

2003. La canicule puis le crabe ont invité la faucheuse chez ces amis. Entre temps, j’ai déménagé et je suis passée d’un appartement à une maison, avec petit jardin et aussi chatière, coussins, lits, canapés, genoux aussi, bien sur, et mains caressantes. Bingo est donc venu vivre avec moi. Et depuis, j’habite chez lui.

2020. Bingo est là, tout près, tandis que moi j’écris. Le véto avait estimé qu’il était né ‘+ ou – le 5 mai’, il a donc dix-huit ans aujourd’hui. Il fatigue un peu, un peu plus chaque jour. Il y a quelques temps déjà qu’il n’a pas fait le cascadeur dans le pommier. Cela fait dix-huit ans qu’on s’accompagne, qu’on s’aime, et que l’on partage l’essentiel. Ça n’est pas rien, c’est un sacré bout de chemin, et il n’est pas un matin sans que je le remercie d’être là. Encore.

Ah, j’ai oublié de vous dire, c’est un Royal de Gouttière.

18 ans, ça en fait des photos aussi… Difficile de choisir… 

(ps : dès que je retrouve des photos de lui tout petit, je les scanne et les publie).

Flamie, Princesse Myrtille, Marquise de Petits Pas

Cela fait maintenant un peu plus d’un an et demi que la Demoiselle a pris ces quartiers chez moi. Caractère bien trempé, machine à ronronner très fort, cet héritage au pelage tout doux, légué par mon Frère parti bien trop tôt, est une source permanente de surprises et de sourires. Si la cohabitation avec Monsieur Bingo n’est toujours pas simple, la Belle se sent de plus en plus à l’aise, et passe de nombreuses soirées couchée sur mon bureau, à coté de moi, voire à tchatter avec je ne sais qui, étendue sur mon clavier, actionnant les touches au petit bonheur la chance…

Palabres en Noir et Blanc

Je ne sais pas d’où elles viennent, ni pourquoi elles sont là. Peut-être à cause de, ou grâce à, la nouvelle recette gras et graines que je concocte pour les oiseaux du jardin.

Je ne sais pas d’où elles viennent, les pies, je n’en voyais jamais avant, mais ces dernières semaines, elles ont pris leur quartier de printemps dans mon jardin.

Et elles jacassent.

Et elles ont de l’audace.

Ce soir, comme hier, alors que Bingo, Royal de Gouttière noir et blanc, était en délégation dans le pommier, une d’entre elles est venue le narguer, lui chercher querelle, tenter de l’intimider.

Elle se croit supérieure, perchée sur une haute branche. Elle l’invective, le sermonne, lui fatigue les oreilles.

Et les miennes aussi.

Hier il a failli prêter allégeance, dos tout arrondi, museau rose baissé. Il n’était pas prêt à l’attaque, elle a profité de l’effet de surprise.

Ce soir, il en fut autrement.

L’effet surprise n’a pas fonctionné.

Et puis j’ai rappelé à Shah que, si elle avait des ailes, elle n’avait que deux pattes, nous quatre. Et puis nous, on a des dents, elle non. J’ai bien vu que le coaching fonctionnait, Bingo a redressé la tête et la pie s’est envolée.

Non mais !!

D’apostrophe en virgule…

Je lui ai dit bonjour, ce matin,

Il n’a pas répondu, hautain,

A conservé sa superbe,

M’a regardée avec dédain.

Pourtant il m’apostrophait hier soir,

Couché en boule, sur l’oreiller,

Ponctuation en blanc et noir,

Jamais en retard, ponctualité.

Dans l’activité nocturne,

Si mon amant me décoiffe,

Lui aime à remettre de l’ordre,

A coups de griffes dans ma tignasse.

Le manteau de la nuit s’étend,

Et à mes pieds, minuscule,

L’apostrophe redescend,

Et redevient simple virgule.

Quand le drap froissé indique,

Que j’ai congédié le sommeil,

Et qu’aux rêves je fais la nique,

Alors remonte ma merveille.

J’ouvre un œil, et puis les deux,

Je vois sa tête, sur moi penchée,

Comme si j’étais petit oiseau,

Et qu’il allait bien s’amuser.

J’aimerais qu’il vienne câliner,

Que dans mes bras il s’étende

Mais il a d’autres projets,

J’l’attrape, c’est moi qui commande.

Enfin … c’est ce que je croyais …

Black and white B - copie 2

Vous pouvez retrouver la version audio de ce texte sur l’audioblog d’Arte, en cliquant ici :

http://audioblog.arteradio.com/post/3067893/d_apostrophe_en_virgule__/