Autres couleurs d’Islam…

Le joli hasard des chemins de la vie m’a invitée à vivre sous d’autres cieux, ici où là. C’était il y a longtemps.

Parmi ces ailleurs, la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie. Des pays de confession musulmane, où la foi se pratique.

Gabès ou Maharès, Alexandrie ou Aqaba, autres cultures, autres gens, et mes sens en alerte, tout prêts pour la découverte.

S’il faut regarder le monde en termes de religion, le monde musulman est aussi divers que peut l’être le monde catholique, bouddhiste, ou juif.

Et s’il faut regarder le monde en termes ‘d’humains’, ce que je préfère et de loin, il faut bien reconnaître qu’il y a des gens formidables et des imbéciles partout. Pourvu que la lanterne soit mal éclairée, que les ailes de la connaissance n’aient pas été déployées, ou que le cœur se nécrose, la bêtise s’infiltre.

Tunisie, Egypte, Jordanie, trois pays bien différents, une constante cependant. L’accueil. Un quotidien ailleurs, un autre voisinage, un autre environnement, une autre vie. De la chaleur, de la gentillesse, des sourires et des rires, des petits gestes, des Aïd, du partage… Je n’ai pas eu de ‘traitement de faveur’, non, je crois que j’ai été accueillie ainsi, naturellement, par des gens qui ne voyaient pas pourquoi il en aurait été autrement.

 

J’ai eu la tristesse de perdre des amis français en Egypte et en Tunisie. Si leurs corps ont été rapatriés, il a été possible d’organiser une messe en hommage, dans des lieux de culte catholique, tout à fait intégrés et acceptés parmi les mosquées. J’ai aussi rencontré un prêtre protestant, et de joyeux catholiques à Aqaba. Dans cette terre d’Islam, ces trois religions cohabitaient en paix. Je sais que les choses ont changé, le monde s’est durci.

 

Alors j’ai souvent eu honte de voir comment était accueillie une certaine catégorie d’étrangers dans le pays où je suis née. Et cette honte persiste.

 

Je vous invite à découvrir le documentaire poignant ‘Mémoires d’immigrés’, pour entendre le point de vue et les témoignages de ceux qui ont vécu ‘l’immigration industrielle’, à l’invitation de la France.

https://www.youtube.com/watch?v=mXbmjmO5rX8

 

Le racisme est une violence pour celui qui le subit. Une violence et une humiliation. Il y a quelques années, j’ai travaillé avec des jeunes issus des cités. Et j’ai parfois entendu leur colère à l’égard du traitement subi par leurs parents. Les parents, des piliers, nos piliers pour grandir…

Je n’ai aucune peine à imaginer combien je détesterais cela moi aussi, il me suffit de transposer sur mes parents. Une humiliation à double tranchant, rancune ou rancœur aux ‘humiliants’, mais aussi aux humiliés, à leurs parents, pour avoir subi cela. Quand les piliers sont fragilisés, le terreau devient propice à la rupture…

 

Au souvenir de tout cela, il me semble que ces bombes vivantes qui se sont fait explosées à Paris en ce vendredi 13, et d’autres jours ailleurs, sont le produit de notre société.

 

Aujourd’hui, j’ai du chagrin. Pour les victimes, leurs proches, les blessés, les survivants traumatisés, les services de secours qui eux aussi resteront marqués, pour les parisiens, pour les victimes innocentes de guerres en terres lointaines qui vivent au quotidien ce que nous avons vécu en ce terrible jour. Et j’ai de la peine pour tous les innocents qui subiront des retombées islamophobes parce qu’ils seront ‘coupables’ d’avoir adopté une foi différente, en toute intimité. Ils paieront pour une bande de salopards ignorants à l’extrême, se revendiquant de la même religion.

 

Certains des terroristes étaient français, comme moi. Il ne me semblerait pas juste d’être stigmatisée comme étant ‘potentielle terroriste’ parce que je suis moi aussi française.

 

Pardonnez-moi de ne pas arborer le drapeau bleu blanc rouge. Je n’en ai pas besoin pour aimer la France, ce pays magnifique dans sa diversité. Je suis française parce que née en France, de parents français, je n’ai rien mérité, je n’ai rien fait pour acquérir ma nationalité. Mais je suis avant tout une fille de la Terre, une enfant du Monde.

Afghane, Egyptienne, Française, Kenyane, Libanaise, femme, humaine, simplement…

 

 

Saint François de Goélands…

Entre la Criée et le bassin, bazar de lignes et de couleurs, le quai ressemble à un orphelinat pour goélands. Créatures craintives, en mal d’assurance, en transit de leur vie, entre la chaleur de la mère et leur à-venir… Il flotte là des effluves de mer, des relents de pourriture, et un vent de désarroi. L’air porte les rumeurs de la ville, les cliquetis des chaines sur les petits bateaux, et les cris des oiseaux.

Il faut chercher pitance, seul. Le lieu est bien choisi, menu fretin dans le bassin, larcins potentiels plein les filets de pêche, et poubelles du marché regorgeant de reliefs divers et avariés….

Mais leur vie est ailleurs… Déjà le large appelle, et leur destin se joue, là-bas, à l’horizon… Et s’ils ignorent encore dans quelle direction, ce n’est plus qu’une question de jours, voire de semaines…

Quand la plume sera blanche, lisse, longue et belle, il sera temps pour elle de rejoindre le ciel, et d’aller voir ailleurs si la mer est plus bleue…

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… et puis, la lune aussi….

Version 2

… voyage à tire d’ailes…

Kaleïdos-cat !