Quelques vers… de terre

La première fois que j’en ai vu un, j’ai cru qu’il prenait juste un bain. Alors je l’ai observé évoluer, ver de terre rose dans l’écuelle grise des chats. Cependant, une petite voix dans ma tête se posait la question. Est-il venu là de son plein gré ou bien a-t-il fait une chute, un mauvais plongeon, une fausse route, emprunté une illusion de direction…? La sémantique avait la réponse à cette question. J’étais en présence d’un ver de terre, et non d’un ver d’eau. Et un ver de terre pouvait, peut-être, se noyer dans un verre d’eau.

Étant informée de l’utilité de la bestiole, de sa raréfaction aussi, ayant naturellement de l’empathie voire de la compassion pour les animaux, je passais outre ma répugnance pour les vers et décidais de laisser celui-ci retourner à la terre. Pour se faire, je renversai l’écuelle des chats au-dessus d’un parterre de fleurs. Du coup je fis d’une pierre deux coups, je rendais au ver sa liberté d’action, et j’arrosais les fleurs.

Depuis, j’ai procédé à d’autres sauvetages identiques.

Ce matin, la situation était quelque peu différente. Sieur ver n’était pas en perdition dans l’écuelle des chats, d’une contenance d’un demi-litre environ, mais dans un seau plein d’eau de pluie fraichement tombée de la veille. J’habite en Normandie. En Normandie on dit parfois que la pluie pleut ‘à seaux’. Alors moi je mets des seaux dehors pour la pluie de Normandie. Cela me permet de faire un stock d’une eau adaptée à l’arrosage des plantes. Ce matin donc, la question était : Dois-je sauver un ver imprudent et perdre une vingtaine de litres d’une bonne eau en la versant sur une terre déjà bien arrosée hier ? Ou puis-je rester indifférente à la souffrance possible d’un ver en milieu inhospitalier ? Que faire ? Pas question de tendre la main à l’animal qui n’aurait certainement pas su répondre à mon geste. Pas question de toucher la bestiole. Je me mets alors en quête de quelque chose pouvait servir d’intermédiaire entre le ver et moi. Je trouve vite une petite branche que je trempe dans le seau. J’essaie d’attraper le ver avec, mais bien sur il prend peur et se tortille ! Tandis que, après maintes tentatives, je l’avais remonté quasiment en haut du seau, le voilà qui prend la poudre d’escampette et s’éclipse vers les profondeurs à nouveau. Damned ! Je ne désarme pas et retourne à la pêche. Enfin j’arrive à sortir la bête, et je la pose sur le sol, aussi délicatement que possible, avant d’aller remettre la petite branche où je l’avais trouvée. Le ver qui était ‘rose pale décoloré’ dans le seau avait pris maintenant une teinte rubis, il était tout rétréci et ne bougeait plus. Moi je devais partir bosser et tout ceci me mettait passablement en retard dans mon programme matinal. Pas le temps de lui faire un massage cardiaque, incapable de faire un bouche à bouche, je laisse là mon ver en situation critique. J’ai avalé un petit déjeuner rapide, et avant de quitter ma maison j’ai jeté un dernier coup d’œil à l’endroit où j’avais déposé mon noyé. Il n’y était plus ! Je l’ai cherché un peu et l’ai retrouvé à quelques centimètres, il avançait assez vite, avait perdu sa couleur trop foncée et avait retrouvé sa taille normale. Je pense qu’il avait fait le mort parce que je lui avais fait peur. Il semble que les vers de terre soient de piètres nageurs mais de bons acteurs….

 

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