Pour aller à Prague, c’est simple. Il faut … :
Une quinzaine de minutes de marche jusqu’à la station de tramway. Peut-être moins, en fait, mais j’ai arrondi à la valise supérieure. Plus lourd le poids, plus longue la perception du temps et de la distance…
Monter dans le tram, équipée d’une carte de transport « baguette magique », permettant encore moult trajets… Beurp ! Beurp ! Diantre, la composteuse mal réveillée semble vomir ma carte. ‘Invalide’, prétend la machine. Insistance vaine, regard gêné évitant soigneusement de croiser celui du conducteur dans le rétroviseur, et sourires contrits aux trois autres passagers mal réveillés eux-aussi. Entamer un calcul des probabilités de se faire contrôler un samedi 2 mai à 7h30, en multipliant les jours fériés entre eux avant de les diviser par l’heure très matinale, et en y ajoutant la période de vacances scolaires propice aux congés, y compris des contrôleurs. Je n’ai pas eu le temps de finir mon calcul avant d’arriver à ma station. Je ne saurai donc jamais. Dommage.
Arriver à la gare ferroviaire largement en avance pour y prendre l’autocar. Un autocar est la version routière d’un train, mais avec un seul wagon. C’est beaucoup moins rapide, moins confortable, et il n’y a pas de toilettes. C’est l’ersatz de train que la SNCF propose pendant les grands weekends où des travaux de jour sont mis en chantier. Troquer ainsi 50 mn de rail contre presque 2 heures de route pour atteindre la prochaine grande ville…
Prendre enfin un train, direct et ponctuel, en direction de Paris. Profiter de ce moment de relative tranquillité pour plonger le nez et les yeux dans l’or et les couleurs sur papier glacé des guides touristiques. En même temps que par la distance, se rapprocher de Prague par l’esprit…
Une quinzaine de minutes encore pour aller à pied et toujours « envalisée », de la gare Saint Lazare à la station de bus à destination de l’aéroport. Paris, la foule, les voitures et les passages protégés mal protégés, les travaux sur le trottoir, rythme soutenu obligatoire… Il fait chaud, et moi aussi.
Trouver le bus, monter dedans, acheter un billet au chauffeur, chercher un espace pour ma valise, et pour moi une place assise. Garder un œil sur la montre, timing épuisant mais parfait pour le moment. Respirer.
S’enregistrer au comptoir de la compagnie aérienne. Marre des compagnies bas prix et des vols charters où les passagers applaudissent quand l’avion atterrit, comme si c’était un miracle alors que c’est pour ça qu’ils ont payé. Marre de prendre l’avion presque comme si on prenait le bus, un ‘air bus. Marre de contribuer à la dégradation des conditions de travail des personnels aériens… C’est donc une compagnie nationale et un vol régulier, bagage inclus dans le billet. C’est bon de se débarrasser de la fichue valise.
Se restaurer un peu avant de se diriger vers l’accès en « zone passagers », étonnamment fermée. Les voyageurs de tous les vols en partance se pressent devant des comptoirs vides. Mille ailleurs, mille raisons, mille impatiences… pour une même attente.
Le retard s’accumule, les passagers aussi, et lorsque les grilles et les comptoirs s’ouvrent, le flux est tel que les procédures de sécurité s’en trouvent affectées.
Embarquer. S’installer tranquillement dans cet avion à moitié vide. Se laisser envoler pour effectuer en une heure quarante-cinq plus de kilomètres que depuis l’aube. Se réjouir de n’avoir même pas eu mal aux oreilles à l’atterrissage, et aussi d’arriver à l’heure bien que l’avion ait décollé en retard.
Quand, brutalement, le souvenir de la valise surgit dans la mémoire, arpenter l’aéroport pour la récupérer. Arrivée pauvre gueuse, retrouver toute sa majesté dès que les simples euros se changent en tchèques couronnes… Vouloir aller en ville, évidemment… Alors partir en quête du bon kiosque, de la bonne personne, des bonnes explications, des billets, de la sortie de l’aéroport et de la station de bus… !
***
Monter dans le bus, bondé, et regarder les alentours de Prague se dérouler sous les yeux. Zone industrielle, banlieue, quartiers périphériques, traverser tout le rayon pour enfin atteindre le centre.
Arrivée au ‘bord du centre’, trouver la station de métro « Ligne verte », descendre les marches, toujours flanquée de la valise, arriver sur un quai unique. Là, on ne peut pas se tromper, c’est facile, et rassurant par conséquent. Un métro arrive…
S’engouffrer dans la rame. La Vltava à traverser pour se rapprocher du château. Descendre en bas de la colline, à la station Malostranska. Retrouver l’air libre, les gens, et la rivière. C’est bon. Mais il reste encore une étape avant de se débarrasser de ‘vous savez quoi’ et de pouvoir mieux profiter de la ville.
Trouver la station de tramway, ligne 22, bonne direction si possible.
Prendre le tram. Avoir le sentiment de quitter la ville pour aborder les bois des hauteurs. Se demander dans quel lieu perdu se trouve l’hôtel, quand on l’avait espéré plutôt central. Descendre à la station Brusnice (prononcer « brousnitsé » ) et enfin voir l’hôtel, juste en face. Couleurs pastelles pour ce bâtiment ancien, autrefois rattaché à la ferme du château, si j’ai bien compris.
Quelques mètres de trottoir, une grande route à traverser, et ça y est, le voyage est terminé.
Compter 11 heures, 11 heures trente, pour valider toutes les étapes, et enfin s’octroyer une bonne tasse de thé bien chaud et bien mérité…
Regarder le soleil se coucher sur ‘Le Petit Coté’, avant d’enfiler ses pantoufles de vair pour aller découvrir la Prague nocturne…
Un tram de désirs pour une cendrillon commando et son parcours épuisant ….mais palpitant …!!!
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Merci Laurent ! :) Le trajet fut une entrée en matière un peu éprouvante… ! :)
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Le rythme soutenu par ce fond d’humour quelque peu ironique et nous voila embarqués jusqu’à Prague. J’aime beaucoup le style, l’énergie, l’esprit joyeux et désabusé. Du coup, je vais lire la suite ! :-)
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J’ai un grand sourire en te répondant, cela me fait plaisir de t’avoir embarqué avec moi pour cette belle ville ! Merci beaucoup !
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je continuerai le voyage à travers tes agréables récits si intéressants. :-)
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Merci JM :)
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