Les mots… J’en suis curieuse, ils m’ont toujours attirée et je me pose souvent des questions à leur sujet, qu’ils soient sujets, verbes ou compléments… Et cela depuis la plus tendre enfance…
J’ai cherché à pallier à mon ignorance quand un mot, à mon esprit, était dénué de sens. Contexte, découpage, ou création personnelle, par tous les moyens à ma disposition, j’élaborais des définitions. Et lorsqu’un mot me semblait manquer, je l’inventais.
Parmi les mots qui m’intriguaient, ‘démocratie’ figurait en bonne place. J’ignorais ce qu’il voulait dire, et je ne savais même pas l’écrire. Qu’importe, pas froid aux yeux, je l’écrivais ‘démocrassie’ et cela devenait la « démonstration (démo) de l’ampleur de la crasse de l’humanité (crassie) ». Cela collait bien au découpage ‘racines et radicelles, rhizomes et tubercules » ainsi qu’au contenu des journaux d’information.
A l’école, on m’a appris le sens de ce mot-là. Enfin, le sens donné par le dico qui dit : La démocratie est le régime politique dans lequel le peuple est souverain. Selon la célèbre formule d’Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », c’est l’une des définitions canoniques couramment reprises.
Il semble que le mot ne soit pas sorti du dictionnaire pour s’inscrire dans la réalité, et je trouvais que le monde était plus démocrasse que démocrate.
Et la vie, la vie qui déroulait son cours sous mes jeunes souliers ne me montrait rien de la démocratie. Je me demande parfois quelle est la part de responsabilité de cette découverte dans ce que l’on appelle ‘la crise d’adolescence’ ,tant la différence entre ce que nous enseigne l’Education Nationale et ce que fait l’Assemblée tout aussi Nationale est flagrante. Alors… il y a de quoi se rebeller, non ?
Je pense au père de Mimi, ex-veilleur de nuit qui vient d’être licencié pour s’être endormi dix minutes sur son temps de travail. C’est la caméra de surveillance qui l’a dénoncé.
Licenciement pour faute professionnelle, pas d’indemnités, peu d’espoir de retrouver du travail avec une casserole pareille. Il ne dort plus la nuit, du coup, il ne dort plus du tout tant il est tourmenté, il ne sait comment il va nourrir sa famille.
Et pourtant, à la télévision, le père de Mimi voit des députés, parmi ceux qui sont présents, roupiller à gauche comme à droite de l’hémicycle. Il dit que c’est à cause des déjeuner de la ‘cantine’ de l’Assemblée où les repas sont copieux et raffinés. Alors ils digèrent, ils dorment tranquillement plutôt que de s’occuper du navire France qui menace de sombrer. C’est pourtant pour cela qu’ils ont été élus et qu’ils sont rémunérés, par le peuple.
Eux aussi dorment devant les caméras et ils dorment bien plus de dix minutes. Impunément, hélas.
Parce que là, je crois que le père de Mimi, qui fait partie du peuple, et tout plein d’autres gens du peuple, voudraient bien licencier ces députés qui ne font pas leur travail. Mais le peuple n’en a pas le pouvoir.
Le pire, c’est qu’on les a élus ! Nous sommes responsables d’une certaine façon. Mais que dire du gouvernement ? On élit un président qui paraît déterminé, avec un programme… euh, indéterminé. Et puis on s’aperçoit que le président est un type comme un autre, et qu’il est parfois trop occupé par sa vie personnelle pour bien s’occuper du navire. Mariage, divorce, maîtresses, tout cela prend du temps, et occupe l’esprit, on peut en devenir distrait et c’est très mauvais pour les affaires du paquebot.
Cela explique en partie pourquoi le président doit avoir des ministres, en particulier un premier ministre. Et les ministres, on ne les élit pas.
Et quand on voit leur cote de popularité, il est clair que le peuple n’en veut pas. Eh bien, là non plus, le peuple n’est pas souverain, C’est d’autant plus exaspérant qu’ils parlent ‘au nom de la France’, comme s’ils savaient ce que les Français veulent, et ce qui était bon pour nous. Ils vivent à des années lumière d’Euros et de paillettes de nous, alors que savent-ils de nos préoccupations, de notre nécessaire ?
Je pourrais vous parler aussi du grand frère de Paul qui a pris une grosse amende et trois mois de prison avec sursis pour avoir volé des vêtements dans une boutique. Maintenant il est fiché. Il se tient à carreau. Mais il en a lourd quand il regarde les infos et qu’il voit tous ces hommes politiques mis en examen pour des affaires équivalentes à plusieurs milliers de vêtements de la boutique, et qui toujours s’en sortent, sans trop de bobo. Ils reviennent sur le devant de la scène, comme si de rien n’était… Alors le frère de Paul, qui fait partie du peuple, et tout plein d’autres gens du peuple, aimeraient bien pouvoir débarrasser la scène politique de toute cette immoralité. Pour qu’aux sommets de l’Etat, l’exemple soit montré. Eh bien non, ça non plus le peuple ne le peut pas. Il est condamné à supporter ce spectacle affligeant.
De la même façon qu’il est impuissant lorsque l’argent durement gagné et reversé en impôts divers et variés se trouve dilapidé en coquetteries et autres luxeries par les serviteurs de l’Etat. Impunément. Cet argent-là est définitivement perdu pour vous, pour moi, pour le père de Mimi et le frère de Paul…. . Il faudra payer encore plus d’impôts pour compenser ces pertes-là… Et de cela non plus, le peuple ne veut pas.
Non, non, décidément, les politiques ignorent ce que le peuple veut, ils ne peuvent comprendre ce qu’ils ne connaissent pas, et toutes les mesures d’austérité qui nous sont imposées ne les affectent pas.
Gouverner un pays comme on gouverne une entreprise n’est pas une bonne idée. Pas plus que d’élaborer des réformes passées en force, en introduisant plus de surveillance et en réduisant les libertés. On oppresse, on opprime, on blesse jusqu’à parfois susciter le suicide. On met des pansements ici ou là, on plâtre pour camoufler la plaie, plutôt que de soigner la maladie qui sévit sur le navire. La France va mal. Oh, pas au sens où les politiques le disent, non. Eux n’en savent rien.
Un pays, ça n’est pas une entreprise. Et puis quoi encore ?!! Ayons un peu d’humilité pour voir tout ce qui nous a précédé et tout ce qui nous entoure. Regardons la magie de la vie au cours des millénaires, les capacités d’évolution, les merveilles dont nous sommes capables. Ayons l’humilité de reconnaître que le système dans lequel nous vivons est une erreur de parcours, et essayons autre chose.
Economisons tout l’argent du mal-être, le coût des burn-out et autres tragédies, et destinons-le à rendre la vie meilleure.
Repensons les priorités, les besoins, pour qu’il en soit autrement. Et si on essayait le BONHEUR ?
Une société laïque, voire ostentatoirement laïque, qui a séparé l’Eglise de l’Etat en 1905, ne peut se construire sur l’idée que nous sommes sur Terre pour en baver. Non, ça c’est une théorie judéo-chrétienne qui ne concerne pas le bateau France Je ne suis pas née pour réparer les erreurs d’Eve. Je connais trop bien la perfidie du serpent, j’ai vu ‘Le livre de la jungle’, et je n’aime pas les pommes crues, alors je ne trouverais normal de payer pour un méfait que je n’ai pas commis.
Si nous étions sur terre dans le but d’en baver, il me semble que cela se saurait. Et cela mettrait à mal les notions d’amour maternel et d’amour paternel. Comment envisager que les parents fassent des enfants pour qu’ils en bavent ?! Non ! Les parents souhaitent, en général, le bonheur de leurs enfants.
Mais comment être heureux sur un navire qui sombre pendant que le personnel aux commandes dort, se marie, divorce, séduit, ou part en vacances vers d’autres coffres forts, les valises bien chargées…?
Comment être heureux dans l’âpreté de ce système qui ne correspond pas à la définition de la démocratie ? Et si on en inventait un autre ? Et si on cherchait un autre modèle pour que le P.I.B. devienne Potentiel Intérieur de Bonheur ?
Et à l’avant du navire, on pourrait lire ‘Liberté, Egalité, Fraternité, Bonheur’, un cap à suivre, un objectif à atteindre…
Si le peuple est souverain…
The sooner, the better… Merci beaucoup, Laurent, à bientôt…
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» Hasta La Victoria Siempre » …!!!
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Décidément, Flo, je t’admire pour ton esprit de synthèse et ton sens pratique, ton aptitude à résumer dans cet article fort percutant quelques millénaires de contradictions flagrantes entre la signification idéale et étymologique de « démocratie » (le pouvoir par le peuple) d’une part, une réalité assurément pervertie dès l’invention même du concept, de l’autre. Mais comme tu l’écris tout aussi bien, tout n’est pas perdu, car même en des temps où l’Humanité était encore moins armée face à l’adversité, elle a su accomplir des prouesses de créativité, à l’image de tous les autres êtres vivants ; à condition, toutefois, de le vouloir et d’avoir conscience d’un fait qu’on a trop tendance à oublier de nos jours, à force d’être formaté aux lois du marché et de la compétitivité planétaire : seul, l’individu ne peut résister aux éléments que par la confrontation et l’affirmation de sa suprématie sur les autres, alors qu’ensemble, nous sommes plus forts dans l’absolu, quand bien même la dynamique de groupe peut aussi avoir ses effets dévastateurs lorsqu’elle est détournée à des fins dictatoriales…
Et quel bonheur de relever qu’une fois encore, tu n’as pas pu t’empêcher de débuter ton billet par quelques mots enjoués, histoire de rendre ensuite notre esprit tellement plus attentif aux mots de ce monde, à la moquerie institutionnalisée que constitue la politique-spectacle (entre médiocratie et « moqueratie », pour oser un néologisme), à la nécessité de changer les choses pour notre bien, à nous tous.
Merci, donc, pour des mots plein de conviction, de gros bisous parce que notre monde manque aussi cruellement d’affection, et au plaisir de faire avec toi, parmi tant d’autres, au moins un tout petit bout de chemin vers un avenir meilleur:-)
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Je te remercie, Christian, pour ton beau commentaire, j’en suis très touchée. J’ai parfois besoin d’exprimer mes ‘coups de gueule’, à ma façon…. Merci encore, cher Ami, pour cette lecture et les mots qu’elle t’a inspirés…
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